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Anne Le Troter explore le langage au Grand Café

Récompensée au Salon de Montrouge en 2016, Anne Le Troter explore la matière sonore. (©Ville de Saint-Nazaire - Martin Launay) - Agrandir l'image, .JPG 141Ko (fenêtre modale)
Récompensée au Salon de Montrouge en 2016, Anne Le Troter explore la matière sonore. (©Ville de Saint-Nazaire - Martin Launay)

Récemment labellisé « Centre d’art contemporain d’intérêt national », le Grand Café accueille le travail de l’artiste Anne Le Troter jusqu’au 21 avril. Une exposition sonore qui questionne le langage et le corps.

Anne Le Troter travaille à Paris mais Saint-Nazaire est devenu son terrain de jeu artistique à l’invitation de Sophie Legrandjacques, directrice du Grand Café. « J’ai découvert son travail en 2015 lors d’une exposition qu’elle avait présentée à Lyon et je l’ai trouvée très intéressante.

Elle a ensuite reçu le prix du salon de Montrouge décerné à un jeune artiste prometteur, c’est l’équivalent d’un meilleur espoir aux Césars », rappelle Sophie Legrandjacques. « Au Grand Café, nous avons régulièrement montré des artistes plasticiens qui travaillent le son ou la parole. C’était une manière de renouer avec cette pratique de l’art contemporain et d’accompagner une jeune artiste à un moment particulier de sa carrière. »

Des sons qui se répondent

Pour cette exposition «Parler de loin ou bien se taire», Anne Le Troter a puisé sa matière première dans les archives sonores d’une banque de sperme américaine.  «Sur le site, on peut choisir la couleur des yeux, des cheveux, de la peau du donneur, son niveau d’éducation et de nombreux autres critères. On arrive sur des profils d’hommes dont la voix a été enregistrée lors d’entretiens. Le donneur répond à des questions liées à sa vie, son travail, sa famille.

Ensuite, le personnel de l’entreprise produit un commentaire : he is cute, handsome, funny », explique l’artiste. Elle a téléchargé les 400 commentaires des employés de l’entreprise américaine et en a fait un montage audio, « une sorte de comptine pré-adolescente, naïve et entêtante ». Ces propos anglophones ont ensuite été traduits et interprétés par des artistes ayant collaboré au projet «Théâtre chez l’habitant / théâtre d’habitation» mené par Anne Le Troter avec Charlotte Khouri l’année dernière à Saint-Nazaire dans le cadre d’une résidence.

L’exposition a été imaginée comme une seule installation investissant les trois pièces du Grand Café avec des sons qui se répondent à travers les espaces. « J’ai conçu la spatialisation comme un corps : il y a beaucoup de mots qui se répètent et ces mots sont des organes pour fabriquer un corps. Il s’agit de faire battre ce cœur », précise Anne Le Troter. Son propos passe aussi par des éléments visuels comme une grande tenture. « On l’a javellisée car j’avais envie de gommer quelque chose, comme ces entreprises qui lissent les traits de caractère des personnes pour vendre de la parole. » Des éléments vidéo – des images de percussion et des portraits de donneurs lorsqu’ils étaient enfants - viennent compléter l’exposition qui se tient jusqu’au 21 avril au Grand Café.

Deux rendez-vous gratuits sont proposés au public :

  • Dimanche 3 mars à 15h30 : visite de l’exposition en compagnie d’Anne Le Troter et de la critique d’art Anne-Lou Vicente.
  • Dimanche 17 mars à 15h30 : une présentation de l’exposition proposée par le collectif d’artistes l’Encyclopédie de la parole.

Plus d’informations sur le site du Grand Café