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Les "bébés abeilles" bourdonnent dans le port de Saint-Nazaire

Richard et Jean-Michel, marins nazairiens des remorqueurs dits "les bébés abeilles", surnom hérités de leurs pères respectifs qui travaillaient au remorquage, à l’époque où la société s’appelait encore « Les Abeilles ». (©Ville de Saint-N - Agrandir l'image, .JPG 517Ko (fenêtre modale)
Richard et Jean-Michel, marins nazairiens des remorqueurs dits "les bébés abeilles", surnom hérités de leurs pères respectifs qui travaillaient au remorquage, à l’époque où la société s’appelait encore "Les Abeilles". (©Ville de Saint-Nazaire - Blandine Bouillon)

Jean-Michel et Richard ont grandi ensemble. Chacun de leur côté, ils se sont orientés vers des métiers maritimes. Tous deux travaillent aujourd’hui pour la société de remorquage Boluda à Saint-Nazaire. Pour la première fois, ils se retrouvent dans le même équipage. Portrait croisé de deux Nazairiens, marins de père en fils.

C’est un jour presque comme les autres pour l’équipage du remorqueur Le Croisic à Saint-Nazaire. Les cinq marins embarquent à 17h pour rejoindre Nantes où ils vont effectuer l’évitage, ou demi-tour, et la mise à quai d’un navire marchand, une première mission bien rodée pour démarrer leur service. Mais ce jour est aussi l’occasion de retrouvailles : c’est la première fois que les "bébés abeilles" travaillent ensemble sur un bateau.

Jean-Michel Morvan, chef mécanicien, et Richard Le Moigne, assistant machines, ont été surnommés les "bébés abeilles" dans leur plus tendre enfance, alors qu’ils étaient voisins dans le quartier de l’Immaculée à Saint-Nazaire.

Récits de famille passionnants

Ce surnom d’antan, ils le doivent à leurs pères. "On est les enfants de ceux qui ont navigué ici", explique Richard. Comme lui depuis 20 ans, son père travaillait au remorquage. Il était bosco ou maître pont. L’entreprise s’appelait "Les Abeilles". Elle appartient depuis 2007 au groupe espagnol Boluda. "Mon père me racontait les missions en mer", se souvient Richard. "Il allait beaucoup sur la côte d’Afrique. Les marins naviguaient pendant 2 mois ensemble, ils étaient super soudés."

Le père de Jean-Michel était quant à lui maître machines aux Abeilles. "C’est une histoire de famille", assure le marin. "Mon grand-père paternel était docker. Je ne l’ai pas connu car il est mort sur le quai, en déchargeant un bateau. Mon grand- père maternel travaillait aux Chantiers de l’Atlantique." Tout comme leurs frères assistant machines et ouvrier mécanicien, Jean-Michel et Richard sont attirés par les métiers de la mer.

Parcours atypiques

Les deux "bébés abeilles" s’engagent dans des écoles maritimes et se perdent de vue. "J’ai fait mon premier embarquement à la sortie de l’école en 1998," raconte Richard. "C’était sur une drague, la René Gil- bert, dans le port autonome. Puis j’ai travaillé sur un paquebot à passagers avant d’être employé ici. Je n’ai jamais connu le chômage."

Jean-Michel a commencé sa carrière avec un BEP machine marine sur des vedettes à passagers entre Brest et Ouessant. Il va évoluer dans la pêche au chalut, puis la pêche au thon en Afrique. De retour en France en 2012, il passe ensuite un brevet de chef mécanicien à l’ENSM, École nationale supérieure maritime à Saint-Malo, et travaille au remorquage portuaire à Saint-Nazaire. "Le voyage me manque un peu, mais cela permet d’avoir une stabilité. Je suis papa depuis deux mois et demi", sourit-il en montrant une photo de sa petite lle. Le ls de Ri- chard, Léo, suit déjà les pas de son père. À 16 ans, il prépare un bac pro électromécanicien à l’école maritime d’Etel (56).

Rigueur et camaraderie

Avec le jeu des plannings, des constitutions des équipages et des choix des remorqueurs selon l’ancienneté dans l’entreprise et dans la fonction, Jean-Michel et Richard n’avaient jamais navigué ensemble. Comme ils aiment l’inattendu, ils ont choisi de travailler à bord du Croisic car le bateau peut être réquisitionné par le préfet maritime pour des assistances en mer. Ce lundi, leurs missions sont parties pour durer jusqu’au lendemain midi. L’esprit de camaraderie de l’équipage aidera à surmonter les moments de fatigue ; un bon repas préparé  "maison" dans la cuisine du remorqueur aussi.

L’équipage d’un remorqueur

Il est constitué d’au moins :

  • un capitaine
  • un chef mécanicien
  • un bosco ou maître d’équipage
  • un maître machines