La classe de CE2-CM1 de l’école Jean Zay à Saint-Nazaire avec des collégiens de Saint-Herblain devant le monument du Maquis de Saffré. (©Ville de Saint-Nazaire – Christian Robert)
Dans le nord de la Loire-Atlantique, à environ 70 km de Saint-Nazaire, périt un jeune Nazairien. Le maquis qu’il avait rejoint fut attaqué par les forces nazies le 28 juin 1944. Des écoliers se sont rendus hier dans cette forêt devenue lieu de mémoire.
La plupart des élèves de la classe de CE2-CM1 de l’école Jean Zay, à Saint-Nazaire, participent à leur première commémoration. Avec deux enfants, Lilwenn a l’honneur de porter la gerbe de fleurs au pied du monument du Maquis de Saffré, en hommage aux 69 victimes de l’attaque allemande du 28 juin 1944.
« C’est très important, cela représente mon pays », confie la fillette, émue. Kezia ajoute : « des gens se sont battus, se sont sacrifiés pour qu’aujourd’hui on soit libres ».
Sortie scolaire au Maquis de Saffré
Les écoliers observent les drapeaux et essaient d’entonner le Chant des partisans et la Marseillaise. Puis, ils se rendent devant les croix des 13 maquisards qui ont été tués sur place dans les combats. Le vice-président du comité du Souvenir du Maquis de Saffré et guide du lieu Etienne Gasche leur a raconté ce qui s’est passé ici. Les enfants ont posé beaucoup de questions sur la guerre, mais aussi sur la place et le rôle des femmes.
Parmi les maquisards qui s’étaient engagés à Saffré, plus de 300, on comptait de nombreux jeunes. Ouvrier des chantiers, Georges Chaumeil venait de Saint-Nazaire où il avait encouragé son équipe de football à l’accompagner à Saffré. Objectif : réceptionner des armes parachutées par les Britanniques pour armer la Résistance à la suite du Débarquement en Normandie.
Le jeune Nazairien Georges Chaumeil ne survivra pas
Mais le parachutage est retardé en raison de la mauvaise météo. Le 28 juin 1944, le maquis est encerclé par plus de 1500 militaires allemands, avec l’appui de la Gestapo, des collaborateurs et d’autres traîtes infiltrés. Une soixantaine de maquisards seulement son armés.
Georges Chaumeil, armé d’un fusil mitrailleur, a permis le replis de nombreux maquisards. Mais à cours de munitions, il a été abattu sur place au pied du chêne où il ralentissait l’avance des Allemands. Ce chêne porte maintenant son nom : chêne Chaumeil.
Après deux heures de combat, les Allemands se rendent maîtres du terrain. 13 maquisards sont tués, d’autres sont arrêtés, 27 sont condamnés à mort et exécutés à la Bouvardière à Saint-Herblain. On dénombre 69 victimes, dont 29 arrêtées par la Gestapo et la milice qui décèderont en camp de concentration.
Les embuscades se multiplient
La Résistance continuera malgré tout. A la Hunaudière à Sion-les-Mines, 7 maquisards sont encerclés sur dénonciation le 11 juillet 1944. 4 sont tués et 3 sont faits prisonniers. Déportés, ils reviendront pas des camps. Le 4 août 1944, un petit groupe de maquisards est attaqué par une patrouille allemande. Le chef de groupe de Joué-sur-Erdre Pierre Rialland est tué.
La Loire-Atlantique est libérée partiellement par les Forces Françaises de l’Intérieur avec l’appui des Forces Américaines jusqu’au 11 mai 1945, date de la reddition de la Poche de Saint-Nazaire.
Pour la Journée nationale de la Résistance le 27 mai, la Ville de Saint-Nazaire déposera une gerbe aux côtés du comité du Souvenir des fusillés de Chateaubriand.
Les maquis en Loire-Atlantique
« Le gouvernement de Vichy par la loi du 16 février 1943 institue le service du travail obligatoire et mobilise les classes 41 et 42 ainsi que la main d’oeuvre qualifiée pour aller travailler en Allemagne. » Bon nombre de jeunes refusent de partir et se camouflent à la campagne dans les fermes, contribuant ainsi à la formation de groupes de Résistance.
La principale mission de ces groupes sera de saboter, au moment du débarquement, les voies et communications afin de retarder l’arrivée des renforts allemands sur le Front et permettre aux troupes alliées une avance plus rapide.
Au cours de l’année 1943 et début 1944, 23 groupes se constituent en Loire-Atlantique. 18 au nord formeront l’ossature du maquis de Saffré et 5 au sud de la Loire, le Maquis Sud-Loire. Ces groupes sont placés sous l’autorité du général Audibert, chef de l’Armée secrète de l’Ouest.