Les Chantiers de l’Atlantique préparent le "retour" de la navigation à la voile

Sur cette première version du démonstrateur, la voile mesure 500m2. La version complète fin 2022 fera le double soit 1000m2. © Martin Launay – Ville de Saint-Nazaire.

Les Chantiers de l’Atlantique finalisent la mise point d’un tout nouveau type de voiles destinées à équiper des navires marchands ou de croisière. Objectif annoncé : réduire la consommation de carburant de 50%. Installé entre le parc des éoliennes et le bassin C, le démonstrateur du système Solid Sail est déjà opérationnel.

 

« La navigation commerciale à la voile a été abandonnée au début du 20e siècle principalement en raison de son coût. Il fallait de nombreux marins pour assurer les manoeuvres. Faire tourner un moteur, c’est bien plus simple et cela nécessite beaucoup moins de monde ». Nicolas Abiven, ancien skipper et responsable du projet Solid Sail aux Chantiers de l’Atlantique se réjouit du retour programmé de la propulsion vélique sur des navires.

« C’est quand même notre héritage  » renchérit le navigateur Jean Le Cam associé au projet depuis le début. « Tout le monde cherche à économiser de l’énergie et utiliser le vent en mer, c’est quand même d’une logique évidente. »

L’initiative a été saluée par Barbara Pompili. En visite ce vendredi dans le département, la ministre de la transition écologique est venu rappeler « l’importance du rôle de l’Etat pour soutenir et accompagner sur le long terme ces innovations qui contribuent à réindustrialiser la France ».    

 

De gauche à droite : Audrey Dufeu, députée, Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, Jean Le Cam, skipper et Nicolas Abiven des Chantiers de l'Atlantique.

Deux marins à la manœuvre

La voile rigide (Solid Sail) des Chantiers présente un intérêt majeur. Le système, très automatisé (Aeoldrive), est manipulable par seulement deux équipiers : l’un dans une salle de contrôle, l’autre au pied du mât autoporteur. La voile se déploie et se replie en très peu de temps. Les cargos et paquebots qui en seront équipés auront toujours des moteurs mais « nous prévoyons un gain de 50% sur la propulsion », explique Eric Coulon, ingénieur aux chantiers. « Les navires pourront même fonctionner uniquement à la voile sur des temps de parcours assez longs avec une vitesse possible de 17 noeuds ».

1000m2 en 2022

Après quelques tests en sur le bateau de Jean Le Cam, sur le 3 mâts Le Ponant et sur la digue sud du port de Pornichet, le projet est passé au stade du démonstrateur à grande échelle.

Installé sur un parking en bord de Loire, Solid sail culmine déjà à 55 mètres et la voile s’étend sur 500m2. A l’automne 2022, on la verra d’encore plus loin.  Le mât va gagner 11 mètres et la surface de la voile va doubler pour passer à 1000 m2. Viendra ensuite une phase d’essais pour tester le dispositif final dans toutes les conditions de vent.

La voile se déploie et se replie en très peu de temps.

Objectif 2025

En parallèle, les Chantiers de l’Atlantique ont lancé le programme Silenseas, un navire conçu pour recevoir ce nouvel équipement. Il aura des dimensions plus modestes que les habituels géants des mers qui sortent des cales de Saint-Nazaire : environ 150 cabines et 190 mètres de long.

« Nous nous organisons pour une livraison d’un premier paquebot en 2025 », annonce le directeur des Chantiers de l’Atlantique, Laurent Castaing. A condition de trouver le client dans les prochains mois. En tous cas, la filière industrielle est prête à se lancer dans la production avec de nombreux partenaires et Bretagne et en Pays de la Loire.

Solid Sail dispose d'un système de bascule qui permettra aux navires de passer sous les ponts. © Chantiers de l’Atlantique

Le projet Solid Sail en vidéo par les Chantiers de l'Atlantique

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