Une chambre du 3e étage destinée à une personne senior. (©Ville de Saint-Nazaire – Martin Launay)
Un nouveau lieu de vie apparaît au cœur de Saint-Nazaire : l’ancien hôtel-restaurant La Luna devient l’Envolée de la Chrysalide, un hébergement pour jeunes en situation de handicap, seniors et étudiants, un restaurant inclusif et une salle culturelle.
« J’aimerais un lieu avec de nombreuses personnes différentes, un restaurant, une scène artistique, un jardin… « , rêvait à voix haute Patricia Abellard après les 18 ans de son fils Mattéo, jeune avec autisme. L’investisseur Franck Hamon, propriétaire du Garage et des Abeilles à Saint-Nazaire, a entendu ce vœu. « Un jour, il m’a dit : j’ai un lieu et il m’a encouragée à me lancer dans ce projet, » se souvient la mère de famille.
Le lieu, c’est l’ancien hôtel-restaurant La Luna, 1600 m² au cœur de Saint-Nazaire, avenue de la République, fermé pour des raisons économiques. Le projet, c’est créer des emplois pour des personnes en situation de handicap, mais aussi un espace d’habitat inclusif. Pour le porter, Patricia Abellard, son mari et quatre autres parents ont créé l’association L’envolée de la Chrysalide.
« Cette association fait suite à la Chrysalide », explique Patricia Abellard qui est à l’origine en 2012 de cette école privée hors contrat pour les 11-25 ans en situation de handicap, présentant des troubles sévères des apprentissages comme l’autisme et la déficience intellectuelle. Située à quelques pas de La Luna, boulevard Victor-Hugo, la Chrysalide accueille notamment les jeunes dans un atelier de fabrication de pâtisserie. Forts de cette expérience culinaire, Mattéo et d’autres élèves se sont orientés vers la restauration, d’où l’idée d’ouvrir un restaurant.
Le restaurant emploie dix personnes 20h par semaine
« Il y aura quarante couverts, explique Patricia Abellard. Les jeunes ont tous fait des stages en restauration, en milieu ordinaire. » En ce mois de septembre, des enseignants du lycée Sainte-Anne, convaincus par le projet, apporteront leur aide en complétant la formation des dix salariés en situation de handicap, qui disposent d’un salon de repos pour s’aménager des pauses loin de l’effervescence du service.
A côté du restaurant, le Chrysfab valorisera les tartes et potages de l’atelier de fabrication de pâtisserie de l’école en vente à emporter. « Il y a une demande de produits sains et accessibles », se rend compte la présidente de l’Envolée de la Chrysalide. L’espace d’entrée sera aussi dédié à l’exposition d’objets de décoration créés par des ESAT* de toute la France.
Le rez-de-chaussée comporte également une salle de séminaire donnant sur le jardin. Elle pourra être louée et les habitants de l’Envolée de la Chrysalide y élaboreront une programmation artistique et culturelle. Ces derniers ont aussi accès à une grande salle privative, lieu de vie commun.
Habitat intergénérationnel
Les étages de l’ancien hôtel ont permis de créer des logements. Quatre jeunes en situation de handicap ont participé à la conception de leurs T2 au 4e étage. « Mattéo vient d’avoir 22 ans, il avait hâte d’avoir son appartement, comme sa sœur, sourit Patricia Abellard. Il n’a pas de doute que sa place est ici, il est très content. »
Au 3e, cinq seniors de 63 à 75 ans habitent des chambres avec salles de bain et WC et partagent un espace commun équipé d’une cuisine. Une famille ukrainienne, très traumatisée par la guerre, s’est installée à leurs côtés. « Jusqu’en août, pendant la fin des travaux, nous avons accueilli une trentaine de personnes venues d’Ukraine, témoigne Patricia Abellard avec émotion. C’était important pour nous malgré des situations qui restent difficiles. » Les personnes se rencontrent peu à peu et prévoient d’ores et déjà de participer à la vie quotidienne.
Les 1er et 2e étages sont occupés par seize étudiants. L’ensemble des dossiers est géré par le partenaire de l’association l’agence Laforêt.
A quelques semaines de l’ouverture du restaurant, prévue le 3 octobre, Patricia Abellard est satisfaite de l’avancement des travaux. « On a eu les clés en juillet 2021. C’est l’énergie en tant que maman qui me permet de mener ce projet, je suis très contente. » Il aura fallu la contribution de mécènes qui ont cru à l’Envolée de la Chrysalide, ainsi que l’engagement de nombreux bénévoles pour réussir la transformation de La Luna et favoriser la place de chacun, quelle que soit sa fragilité.
*ESAT : Etablissement et service d’aide par le travail