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2017, une année américaine. Le succès de Nazairiens aux Etats-Unis

Tous les trois ont vécu à Saint-Nazaire et font aujourd'hui carrière aux États-Unis. Hikit Corbel est bassiste dans le groupe de Tucson Xixa, Dajla Lalia poursuit son parcours de chanteuse à New York et Cyril Tatar est à la tête de compagnies de croisières maritimes à Seattle. Portraits.
Cyril Tatar construit des paquebots à Seattle
Rien ne prédestinait Cyril Tatar à une carrière professionnelle dans le monde des croisières de luxe. Diplômé d'un DEUG de Sciences et Techniques, l'homme de 43 ans qui a grandi à Donges et à Saint-Nazaire le dit lui-même : «Il faut faire confiance à la destinée.» Avec son accent américain, il raconte avoir interrompu ses études pour effectuer son service militaire. De retour à la vie civile, il enchaîne les petits boulots sur les chantiers navals de Saint-Nazaire où ont travaillé son père et son grand-père. «J'ai été embauché par Alstom à la décoration intérieure des navires, l'intégration des systèmes de ventilation et autres uides. C'est un environnement technique passionnant, basé sur des projets uniques.» Un directeur, Jean-Philippe Rambert, le prend alors sous son aile et Cyril Tatar travaille sur le Queen Mary 2.
En 2003, un poste lui est proposé à Miami. «J'étais disponible et je suis parti pour gérer la garantie des navires.» En 2004, il rejoint l'un de ses clients, Cunard, et s'installe à Seattle. «Je venais d'avoir mon premier fils», explique-t-il, «la qualité de vie et le climat étaient plus proches de ce qu'on connaît en Bretagne». Chargé de projets de rénovation, au bout de six ans il devient directeur technique de Seabourn Cruise Line avant d'être nommé vice-président et de prendre en charge les projets de construction pour le groupe Holland America. «Je livre cinq navires jusqu'en 2022 et travaille pour cela avec Fincantieri en Italie.»
Un retour aux chantiers ?
Attaché à Saint-Nazaire, Cyril Tatar caresse l'espoir de revenir un jour aux chantiers, mais « ce n'est pas pour tout de suite, nous développons le marché de la croisière en Asie ». Cela occasionne de nombreux voyages en Chine et à Hong Kong d'où sa femme est originaire. À raison de 60 heures de travail hebdomadaires, Cyril Tatar a peu de vacances.
«J'ai pu me rendre chez lui à Noël», confie sa maman, contente d'avoir pu passer un moment avec ses trois petits-enfants. Employée à la Ville, elle est fière de son fils et d'autant plus impressionnée par son parcours que « l'école, ce n'était pas tellement son truc». Mais Cyril Tatar a toujours été un compétiteur : «Lycéen, je participais à des championnats de volleyball. Quand on veut réussir, il y a beaucoup d'opportunités aux États-Unis.»
Hikit vit au rythme du rock cumbia de Xixa
Hikit rentre d'un séjour à Tucson en Arizona où il a donné des concerts et enregistré un album avec Xixa
À 37 ans, Hikit partage sa vie entre la France et les États-Unis, précisément entre les Pays de la Loire et l'Arizona. L'ancien élève du lycée expérimental de Saint-Nazaire rentre d'un séjour à Tucson où il a donné des concerts et enregistré un album avec Xixa. Le groupe Xixa, formé par Gabriel Sullivan et Brian Lopez, avait été découvert sous le nom Chicha Dust aux Escales en 2013.
À cette période, le DJ nantais Laurent Allinger, alias French Tourist, présente Hikit aux deux artistes américains. «Gabriel et Brian recherchaient un bassiste pour leur tournée française sur deux projets différents», se souvient Hikit. «J'ai travaillé leurs répertoires et on s'est très bien entendu sur les plans hu
main et musical.» Du rock psychédélique avec des rythmes cumbia, le musicien nazairien partage les mêmes goûts qu'eux. La curiosité et l'attirance pour l'Ouest américain l'emmènent à Tucson. A nouveau Gabriel Sullivan et Brian Lopez font appel à lui pour ses talents de bassiste. «C'est devenu ma petite famille », confie Hikit.
Plus de 60 concerts en 2016
L'aventure continue, avec pas moins d'une soixantaine de dates l'an dernier. « C'est une belle réussite, commente le programmateur du festival Les Escales Jérôme Gaboriau. Ils tournent partout en Europe et aux États-Unis et sont venus deux fois travailler au VIP.»
C'est justement au VIP que Hikit avait effectué ses premiers stages et appris le métier d'éclairagiste. «C'était un bon compromis pour gagner de l'argent et continuer la musique», explique-t-il. Hikit avait commencé la basse à 11 ans avec son grand frère Jeff et son jumeau Hibu. «J'aimais beaucoup l'idée de groupe, que chacun contribue à la composition.» Le rêve se poursuit à Tucson : «Je me sens bien là-bas, le désert et les cactus me fascinent.» La culture musicale également, même si Hikit réalise aujourd'hui que «l'inspiration vient aussi de mon vécu en France, de là où j'ai grandi».
Dajla prépare un album à New-York
L'artiste nazairienne Dajla a posé ses bagages à New-York. L'occasion pour elle de donner un second élan à sa carrière. © Nicolas Santa/White Tiger Society
Après deux albums soul sortis en France, l'artiste nazairienne Dajla a franchi l'océan Atlantique pour donner un nouvel élan à sa carrière. «J'avais atteint ma limite, j'ai pensé que voyager m'aiderait à aller plus loin dans ma pratique artistique.» Dajla est allée à la rencontre de Gordon Williams, producteur et ingénieur d'Amy Winehouse ou de Lauryn Hill, récompensé par plusieurs Grammy Awards. «Je cherchais des personnes pour m'aider à produire mon nouvel album. J'ai retourné la pochette d'un CD de Lauryn Hill que j'adore, et, en voyant le nom de Gordon, je lui ai écrit une belle lettre digitale.» Leur première rencontre, à Londres, est signi cative. Dajla s'envole alors à New-York où elle vit actuellement. «Gordon incarne la prise de risque à l'américaine, il m'a fait confiance contre vents et marées. L'American Dream n'est pas qu'un mythe. Quand vous avez des capacités, on vous donne une chance. »
La musique sous toutes ses formes
Le projet d'album prend une ampleur inattendue. Dajla et Gordon Williams fondent le projet White Tiger Society. «C'est la suite de ce que j'ai commencé à Nantes ou à Saint-Nazaire. C'est un mouvement dans lequel on a des invités et de nombreux projets : le live, le studio, le cinéma et l'enseignement.» Outre l'enregistrement d'un mini album de sept titres et l'écriture de musiques de lms, la chanteuse accorde beaucoup d'importance au coaching vocal et à la formation musicale. «Cela me plairait de revenir à Saint-Nazaire pour des ateliers d'écriture, notamment en anglais. Quand j'ai commencé à chanter en 2006, c'était assez rare en France de le faire en anglais.»
L'expatriation a permis à Dajla de se professionnaliser dans l'industrie musicale et «d'apprendre à se réinventer, à être flexible». Pour autant, elle reste très attachée à sa ville natale où elle s'est formée au piano classique et jazz avec le Conservatoire. «Saint-Nazaire est presque en face de New-York. Ce sont mes racines. L'éloignement et l'isolement ne sont pas toujours faciles à vivre. Cela me rappelle mon père d'origine tunisienne qui a lui aussi quitté sa terre natale pour Saint-Nazaire, y rencontrer ma mère et y construire sa vie. Sans cela je ne serais pas là aujourd'hui.» Ces sentiments, ainsi que son nouvel environnement, sont autant de nouveaux sujets d'inspiration pour la chanteuse.
2017, une année amércaine
Le 26 juin 1917, les premières troupes américaines débarquent à Saint-Nazaire pour combattre aux côtés des Alliés. Afin de célébrer le centenaire du tournant décisif du premier conflit mondial, la Ville et ses partenaires organisent de nombreuses animations tout au long de l'année, avec un temps fort exceptionnel du 22 au 25 juin 2017. Courses au large avec les géants des mers, commémorations, spectacles, expositions, etc.
Le programme complet de l'année américaine à Saint-Nazaire