- Mairie
David Samzun : "Nous allons poursuivre l’ouverture de la ville sur l’océan"

Façade littorale, centre-ville, transports, logements... Le maire de Saint-Nazaire, David Samzun fait le point sur les dossiers en cours.
Fin 2018 vous avez annoncé vouloir renforcer l’ambition maritime et littorale du territoire nazairien. De quoi s’agit-il exactement ?
L’an dernier avec Pornichet, la CARENE et le Pôle métropolitain Nantes Saint-Nazaire nous avons lancé un travail de réflexion pour identifier les atouts de notre territoire. Et il n’en manque pas entre la mer, la Loire et les marais de Brière. Notre ambition est de poursuivre l’ouverture de la ville sur l’océan et préparer l’avenir. Tout le monde s’est approprié le front de mer, la place du Commando ou les rives du Brivet. Il reste encore de nombreux espaces à révéler. Au-delà des espaces publics et du plaisir du bord de mer, Saint- Nazaire est aussi profondément marquée par les questions navales, portuaires, logistiques directement liées à sa situation géographique. C’est donc un nœud stratégique pour l’avenir.

Où en est-on en ce début 2019 ?
Deux agences d’urbanistes et de paysagistes (franco-allemande et barcelonaise) se sont penchées sur notre territoire. Elles ont révélé des enjeux, formulé des questions pour alimenter les débats à venir. Ce travail permettra de riches échanges dans les semaines qui viennent avec les habitants. Nous n’en sommes pas encore à l’étape des projets architecturaux. Il s’agit de grandes orientations.
La situation de Saint-Nazaire en bord d’océan n’est-elle pas une évidence pour tout le monde ?
Pas toujours, contrairement à ce que l’on peut croire. Ma responsabilité, c’est d’embarquer les Nazairiennes et les Nazairiens de tous les âges et de tous les quartiers dans cette ambition maritime et littorale. Certains quartiers ne se vivent pas comme "bord de mer" même s’ils en sont tout proches. Il y a encore à Saint-Nazaire trop d’enfants qui ne se sont jamais baignés dans la mer, qui ne connaissent ni la Brière, ni les rives de Loire. On essaie de créer petit à petit une culture commune avec les animations nautiques de «Saint-Nazaire côté plages» ou en emmenant en fin d’année scolaire tous les élèves de CM2 découvrir leur ville depuis la Loire et la mer.
L’enjeu est aussi touristique. Nous voulons faire de Saint- Nazaire une ville plaisir pour ceux qui y vivent à l’année et attractive pour ceux qui pourraient venir y séjourner. Le projet n’est pas de devenir une station balnéaire mais une destination touristique en valorisant tous nos atouts : tourisme industriel, tourisme culturel, tourisme patrimonial, tourisme nature.

La réflexion engagée s’intéresse donc particulièrement au littoral mais pas seulement ?
En effet, l’idée c’est de proposer une nouvelle vision globale de la ville et de son territoire. La démarche englobe la réflexion sur la création du port de plaisance urbain en lieu et place des anciens frigos Steff. Saint-Nazaire me semble prête aujourd’hui pour ce type de projet. La bonne santé de notre industrie locale nous donne des perspectives encourageantes pour les 10 ans qui viennent et doit nous permettre d’accélérer notre changement d’image. La question du port de plaisance et l’avenir du plateau du Petit Maroc sont des sujets majeurs. Je suis aussi avec attention le projet d’accueil des paquebots de croisière porté par les Pilotes de Loire, qui a suscité l’intérêt du Club Villes Croisières, du Conseil régional et de nombreux partenaires.
Pas de projets concrets disiez-vous mais des pistes de travail sérieuses ?
Le port de plaisance urbain de Saint-Nazaire en est clairement une. Des études techniques et commerciales sont en cours et on en saura plus sur sa faisabilité à la fin de l’année 2019. Les équipes d’urbanistes et de paysagistes ont aussi travaillé sur d’autres secteurs particulièrement intéressants. Les ports de Pornichet et Saint-Nazaire, mais aussi la pointe du fort de l’Eve-Camp de la Torpille, le site de l’université à Gavy, qui sera libéré une fois les étudiants transférés à proximité de l’IUT (2021). On va s’intéresser également à la liaison entre Saint-Nazaire et Pornichet et au sujet très spécifique de la route de la Côte d’Amour. Enfin, des projets sont en cours ou finalisés du côté de la Brière (Port de Rozé à Saint-Malo de Guersac, liaisons piétonnes et cyclistes, Projet « Eaux et paysages » mené avec le Pôle métropolitain Nantes Saint-Nazaire).

Du port, on arrive naturellement au centre-ville de Saint-Nazaire. Dès 2015, vous avez mis en œuvre un plan d’actions. Où en est-on 4 ans après ?
La redynamisation du centre-ville est l’un des chantiers prioritaires du mandat. On actionne tous les leviers possibles : rachat et remise en location de commerces via la Sonadev(1), construction et réhabilitation de logements, installation des jeux pour enfants, création d’un campus numérique (2021), aide aux commerçants...
Mais il faut rester modestes, c’est un travail de longue haleine et Saint-Nazaire connaît les mêmes difficultés que de nombreuses villes de même taille. L’action municipale seule ne règlera pas tout. C’est aussi l’affaire des consommateurs. La concurrence d’internet s’ajoute à celles des grands centres commerciaux de périphérie.
Nous avons signé fin 2018 un contrat avec l’Etat dans le cadre de son programme"Action cœur de ville" qui nous permettra de poursuivre et d’amplifier notre intervention. Le centre-ville ne sera sans doute plus jamais ce qu’il a été : un simple alignement de vitrines. Il faut en faire une véritable destination, un lieu de vie et de promenade. Il nous faudra du temps mais les premiers signes sont là comme l’installation du Dragon des mers place des droits de l’Homme et du citoyen, les nouveaux bars et restaurants.
Dans le même temps, en dehors du centre-ville, des projets d’habitats ou urbains d’envergure continuent à sortir de terre.
Créer du logement pour tous et accessible à tous, ça fait partie de l’ADN de Saint-Nazaire et c’est ce qui guide notre politique urbaine. Les projets vont se concrétiser avec des débuts de travaux en 2019 à Sautron avec l’éco- quartier, au Soleil Levant ou sur l’emplacement de l’ancien Fanal. La population de l’agglomération nazairienne augmente, nous avons besoin de créer des logements supplémentaires pour éviter la flambée des prix, tout en évitant l’étalement urbain. La transition écologique est un enjeu majeur dans toutes les politiques publiques que nous mettons en œuvre, la construction de logements dans la ville déjà constituée, à proximité des services et des réseaux de transport en commun est l'une des réponses les plus concrètes et les plus efficaces que les élus locaux peuvent apporter à ce défi. (2)

Le développement des transports en commun et des modes de déplacements doux comme le vélo, c’est aussi un enjeu important pour la transition écologique.
On va présenter d’ici fin février notre plan d’actions, défini dans le Plan de déplacement urbains (PDU) travaillé au niveau de l’agglomération. Dans la foulée, une vaste consultation publique sera organisée. L’objectif est d’adopter ce document d’orientation d’ici fin 2019. Mais d’ores-et-déjà, la ligne est tracée et les réalisations sont nombreuses. Les Nazairiennes et les Nazairiens ont pu voir fleurir ces derniers mois des pistes cyclables rouges un peu partout dans la ville. Le déploiement va se poursuivre pour accorder plus de place au vélo et sécuriser la pratique. Nous sommes encouragés par le succès de vélYcéo (près de 1000 vélos électriques loués). Le PDU sera aussi l’occasion d'envisager une nouvelle ligne de transport hélYce pour desservir Saint- Marc en passant par la route de la Côte d’Amour.
Avez-vous le sentiment que l’image de Saint-Nazaire a changé depuis ces toutes dernières années ?
Oui, même si je ne n’en suis bien évidemment pas le seul responsable. L’action municipale que je mène avec mon équipe y contribue mais seuls nous ne pourrions rien faire. C’est un constat que font également tous les acteurs du territoire que ce soit dans le domaine industriel, le numérique, le tourisme, la culture ou l’immobilier. La qualité de vie à Saint-Nazaire est souvent citée en exemple, autant que ses politiques sociales et éducatives auxquelles je suis tout particulièrement attaché. Ici ambition et solidarité vont de pair. Notre ville et notre agglomération à taille humaine nous le permettent. C’est une situation privilégiée qu’il nous faut savoir préserver.
(1) Société nazairienne de développement
(2) La biennale de la transition écologique se tiendra du 27 au 29 juin à l’Alvéole 12.