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De plus en plus de brasseurs à Saint-Nazaire

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Ludovic Bouyer-Frocourt dans son espace de dégustation zone de Brais

[vidéo] Le marché de la bière connaît une effervescence ces dernières années en France. A Saint-Nazaire, il attire de nouveaux brasseurs. Avides de saveurs locales et passionnés par le savoir-faire artisanal, ils nous ont ouvert leurs portes.

L’engouement pour ces produits locaux encourage les jeunes entrepreneurs et réconcilie le territoire avec une tradition brassicole oubliée pendant la Première Guerre mondiale. "A la fin du XIXe siècle, la France comptait 2500 brasseries pour en dénombrer seulement une vingtaine dans les années soixante", note Philippe Bonnet, auteur de L’Histoire de la bière en Bretagne (éditions Sokrys).

Le regain d’intérêt pour la bière locale ces dernières années participe au renouveau des petites brasseries, aujourd’hui au nombre de 1700 sur le territoire national.

Rencontre avec deux jeunes brasseurs

Un peu d'Histoire

A Saint-Nazaire, la brasserie cidrerie du Dolmen Le Peltier Frères, située au 28 rue du Dolmen, avait été rachetée par Les Brasseries de la Meuse en 1919. Quant à la brasserie Placier, alors face à l’hôtel de police du quartier de la Briandais, elle avait fermé en 1898.

Ce n’est qu’en 2004 que les Brasserie de Penhouet et Bretz’Ale à Saint Marc sur mer voient le jour à Saint-Nazaire avant de fermer quelques années plus tard. La Brasserie Bouyer témoigne d'un renouveau de la bière locale à Saint-Nazaire en 2019, comme bien d'autres projets qui se concrétisent.

Atelier et espace de dégustation zone de Brais

La grande enseigne métallique de la Brasserie Bouyer a pris place sur une devanture rouge début novembre, zone de Brais. Cette étape officialise l’implantation à Saint-Nazaire du brasseur Ludovic Bouyer-Frocourt, ainsi que le développement de son entreprise.

"J’ai créé la brasserie en 2014 à Campbon, mais je m’y suis retrouvé trop à l’étroit." L’ancien technicien dans l’environnement a déménagé pour gagner de la place et mieux répondre à la demande. En 2019 il a brassé plus de 25 000 L de bière artisanale. Il propose au moins quatre recettes à l’année et deux cuvées spéciales, fabriquées avec un maximum de houblon local et bio, dans des bouteilles consignées.

"J’ai commencé en amateur, se souvient Ludovic Bouyer-Frocourt. Mon travail me plaisait un peu moins, j’ai eu des enfants et comme j’aimais brasser, je me suis lancé à mi-temps, un peu dans l’inconnu, puis à plein temps en 2016". Le jeune brasseur est toujours à l’affût de nouvelles saveurs. "C’est un peu comme de la cuisine". Son bar est ouvert tous les vendredis.

Du Mexique à Saint-Nazaire

Comme Ludovic Bouyer-Frocourt, Geovanni Olivares aimerait s’installer à Saint-Nazaire. "Mon projet de brasserie peut trouver une place dans le centre-ville pour participer au dynamisme commercial et ne pas consommer de nouveaux espaces en périphérie", affirme-t-il.

Architecte originaire du Mexique, Geovanni Olivares conçoit ses bières dans l’atelier partagé d’un écoquartier de Guérande. "Avec des voisins, on a eu l’idée de planter du houblon et de fabriquer une bière pour le quartier, raconte-t-il. En découvrant toute la filière brassicole, je me suis dit que je pouvais m’inscrire dans cette renaissance de la bière artisanale."

Il s’est formé auprès de l’Institut français de la malterie et de la brasserie à Nancy qui l’a aidé à lancer ses premières "Veracruz" en attendant de pouvoir les brasser sur place. Geovanni Olivares les vend d’ores et déjà aux Halles le dimanche, en plus de son travail de médiateur urbanisme à l’Atelier Mobil de la Ville.

Deux métiers, dont le brassage

Le Nazairien Stéphane Ihl fabrique ses bières dans une dépendance spécialement aménagée rue de Pornichet. "J’ai commencé il y a cinq ans, explique-t-il. Après de nombreux test, je suis parvenu à élaborer trois recettes personnelles." C’est avec passion que cet éducateur évoque le soin et l’analyse qu’il faut pour appréhender les malts, les houblons et les levures, si possible locaux.

"Amateur de bière brune, j’ai voulu faire des bières qui me correspondent". Des quelques bouteilles à déguster entre amis, Stéphane Ihl est passé à une production de 250 par semaine, qu’il commercialise à la Cavayou et au Pas Que Beau. "Je me suis pris au jeu, j’apprends encore et développe Les Brassins Nazairiens petit à petit. On ne cuisine pas pour cinq comme pour cent-cinquante", confie-t-il.

Reconversion à deux

D’autres bières sont créées à Saint-Nazaire, comme celles de la brasserie artisanale La Nazairienne qui a ouvert au 4 route du Point du jour peu avant Noël. Issus du secteur immobilier, Emmanuelle et Thomas Coquantif ont souhaité fabriquer eux-mêmes un produit local qui se partage.

Ils ont pensé au vin, mais l'idée de quitter le territoire nazairien était tout simplement inconcevable pour eux. "On est amoureux de Saint-Nazaire", confient-ils. Très naturellement, ils se sont tournés vers la bière. "La bière en circuit court correspond à des valeurs humaines et à des espaces de décompression qui nous plaisent," revendique le couple.

Equipée de quatre fermenteurs, la brasserie devrait produire autour de 2500 L de bière par mois, à commencer par une recette de blonde, puis d’ambrée et de rousse.