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Rencontre avec Francis Gouban, médaillé de la Ville

Francis et Christine Gouban, binôme dans la vie comme au travail. (©Ville de Saint-Nazaire - Christian Robert) - Agrandir l'image, .JPG 147Ko (fenêtre modale)
Francis et Christine Gouban, binôme dans la vie comme au travail. (©Ville de Saint-Nazaire - Christian Robert)

Francis Gouban a reçu la médaille de la Ville de Saint-Nazaire au mois de janvier. Malvoyant depuis l'âge de sept ans, professeur de lettres à la retraite, il reste engagé dans la vie associative.

"Comment tu fais pour être prof puisque tu ne sais pas lire ?" Voilà l’une des questions qui a amusé Francis Gouban lors d’un atelier d’initiation au braille avec des écoliers.

"Il faut leur faire comprendre que, même quand on est atteint de cécité totale, on a des possibilités pour lire et écrire grâce au génie de Louis Braille." Dès l'âge de 12 ans, en 1821, Louis Braille mettait au point son système d’écriture tactile, une invention précieuse à Francis Gouban et qu’il a plaisir à partager avec des enfants au Parvis.

"On me demande si je rêve encore avec des images. Les couleurs, je les ai vues jusqu’à 7 ans, mais elles s’estompent avec le temps. Le bleu du ciel, je ne sais plus ce que c’est, confie l’enseignant retraité qui accepte ses limites : Personne ne peut décrire les couleurs."

Professeur de lettres comme les autres

Le handicap est apparu avec une dégénérescence rétinienne. Francis Gouban en parle sans tabou et rend hommage dans le livre Mes élèves sans visage, à Christine, avec qui il est marié depuis 50 ans. Elle a renoncé à son métier d’éducatrice pour l’assister au lycée dans ses cours de français et à la maison dans les corrections des copies.

Pendant une trentaine d’années, ils ont exercé au lycée Aristide-Briand à Saint-Nazaire. Ils ont eu quatre enfants. Comme le montre Mes élèves sans visage, les lycéens venaient facilement se confier à l’un ou à l’autre. Le binôme est toujours aussi soudé.

"La cécité totale est arrivée en 1983, relate Christine. La lumière le gênait et, petit à petit, ce n’était plus le cas." Les jeunes enfants du couple guident leur père dans la rue ou à la plage. "Un jour, j’ai heurté un panneau. Mon fils de 4 ans était trop petit pour le voir."

Francis Gouban regorge d’anecdotes. Il peut compter sur sa mémoire, notamment lors des conférences qu’il donne avec l’université inter-âges (UIA).

Toujours en mouvement

"Il fait tout à fond et il retient tout", constate Christine. Francis Gouban s'attache, dans l’une de ses conférences, à réhabiliter le toucher. "Il ne faut pas confondre toucher avec attouchement. Ce sens n’est pas toujours bien perçu, mais il est fondamental pour les aveugles, ainsi que pour les petits et leurs mamans."

Engagé dans le conseil citoyen de quartier de Saint-Marc jusqu’en 2021, Francis Gouban est touché par la médaille qu’il a reçue du maire de Saint-Nazaire. "Le handicap enseigne chaque jour la modestie et l’humilité, mais la médaille m’a fait plaisir. J’ai pensé à ma vie professionnelle, à ma famille et à Christine." Le Nazairien prépare un livre sur le parcours d’un enfant aveugle.