- Economie, Social
Saint-Nazaire. En tenue de sport pour trouver un emploi

Ce jeudi matin, quatre-vingt-dix demandeurs d'emploi ont chaussé les baskets pour venir rencontrer des recruteurs... autour d'activités sportives. Cette méthode de recrutement innovante est tournée vers les savoir-être.
"Casser les codes", "passer outre le CV", "se rencontrer dans une ambiance conviviale", voilà les grands principes d'une journée de recrutement avec la Fédération française d'athlétisme, Pôle Emploi et Synergie. Les trois partenaires avaient donné rendez-vous à quatre-vingt-dix demandeurs d'emploi et dix-huit responsables des ressources humaines du bassin nazairien jeudi 3 octobre à la Soucoupe.
"On s'est dit qu'entre les valeurs du sport et les valeurs de l'entreprise, il n'y avait qu'un pas", explique la directrice générale de Synergie Sophie Sanchez. "Tous les secteurs d'activité peinent à trouver de la main d'oeuvre, d'où l'intérêt de recruter sur les savoir-être plutôt que sur les compétences techniques."
Candidats et recruteurs se sont donc présentés en tenue de sport pour intégrer l'une des dix équipes et participer à des activités sportives pendant la matinée. Deux responsables d'entreprise se retrouvent dans chaque équipe de manière anonyme. Cela leur permet d'observer les candidats. Ceux-ci sont jugés sur leurs capacités à écouter, respecter et appliquer les consignes, à intégrer une équipe, la soutenir et communiquer, ainsi qu'à se dépasser.
Tout le monde se réunit ensuite autour d'un buffet, dévoilant son identité, avant une séance de jobdating en face à face. "A ce moment, une barrière est tombée entre les personnes", se réjouit la directrice régionale adjointe de Pôle Emploi Delphine Vidal. "Bien souvent, les chefs d'entreprise savent déjà qui ils vont recruter."
170 postes à pourvoir
Le bassin de Saint-Nazaire a été identifié comme un bassin économique très dynamique, mais en tension. C'est pourquoi cette 9e édition s'est organisée à la Plaine des sports. Des entreprises de l'hôtellerie, restauration, des services à la personne, de l'industrie et du commerce ont 170 postes à pourvoir. "Nous accompagnons les entreprises et proposons des outils et des formations pour compléter les compétences de nouveaux employés", précise Delphine Vidal.
Responsables des ressources humaines et candidats ont suivi des séances de préparation à la journée, l'occasion de les rassurer sur les épreuves sportives pensées pour être accessibles à tous. En sueur, Laura ne se sent pas très à l'aise, mais trouve la journée plutôt sympathique. "On est tous dans le même cas de figure", sourit Cathelyne, "il y a peu de sportifs".
Plus tard, en fin de journée, Cindy et Marieme sont ravies d'avoir participé à cette journée qui leur a permis de se rencontrer et d'échanger avec de nombreuses personnes. "C'est une très belle initiative, on a pris du plaisir", racontent-elles. "Faire du sport au même grade que ton futur patron favorise les rencontres et la bonne ambiance."
Même si on peut comprendre assez vite qui est recruteur, il peut y avoir des surprises. "On a bien sympathisé avec Julien que nous avons eu la surprise de découvrir comme recruteur pour ISS." Cela permet d'aller à l'essentiel dans les jobdatings de l'après-midi. "Les candidats sont libérés et un lien s'est tissé entre les membres d'une même équipe", constate Corinne Adelisse, chargée de recrutement chez Eurial à Herbignac. "Cela rend l'échange plus intéressant et plus franc", complète Julien Corbat de l'entreprise de peinture aéronautique ISS à Montoir-de-Bretagne. "Le matin, on a pu observer l'esprit d'équipe, qui sont les meneurs et les suiveurs. On aura besoin des deux profils."
Le responsable des moyens généraux d'ISS a retenu une dizaine de candidats. Corinne Adelisse conserve les CV de deux personnes, notamment pour des fonctions d'encadrement. Pourquoi ces entreprises rencontrent-elles tant de difficultés pour recruter ? "En raison de nos contraintes de rythme qui sont usantes, avec les 3/8 et les 5/8 ce n'est pas simple de fidéliser," répondent les recruteurs.
Cindy quittera la Soucoupe avec des contacts et de précieuses informations, Marieme repartira avec de sérieuses perspectives d'emploi. Qu'elle que soit la suite, elles aimeraient voir ce dispositif renouvelé tous les mois.