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- Culture - Saint-Nazaire

Il y a soixante ans, un palais pour la justice

Palais de Justice. Façade principale. Maurice Ferré architecte. Bas-reliefs, Frères Martel. Ville de Saint-Nazaire. - Agrandir l'image, .JPG 182Ko (fenêtre modale)
Palais de Justice. Façade principale. Maurice Ferré architecte. Bas-reliefs, Frères Martel. Ville de Saint-Nazaire.

Inauguré en 1884, le premier palais de justice de Saint-Nazaire, est incendié en 1943. Le nouveau bâtiment, construit avec les indemnités de guerre, occupe à lui seul un îlot entier de la ville reconstruite.

Le palais de justice de Saint-Nazaire est avec la Soucoupe le dernier grand chantier de la Reconstruction (1963-1965). Son architecte Maurice Ferré lui donne l’aspect solennel qu’exige sa fonction. Si les grandes administrations sont regroupées autour de l’hôtel de ville (municipalité, police, impôts, poste), le site du nouveau palais de justice ne sera validé que tardivement (1961).

On peut voir dans son emplacement une volonté de rappeler que, pour la République, la justice est indépendante de tout autre pouvoir. Le bâtiment compose d’ailleurs une petite cité judiciaire, close de grilles, où sont regroupés alors les tribunaux de grande instance, de commerce et le conseil des prud'hommes. Il est surtout situé tout près du carrefour central du plan de Reconstruction.

Faire la lumière et protéger

L'entrée principale est ornée de deux sculptures réalisées par Joël et Jan Martel. Ces deux artistes, d’origine nantaise et vendéenne, occupent une place à part dans l’histoire de la sculpture française. Jumeaux, ils font toute leur carrière ensemble et signent leurs oeuvres du simple nom de famille « Martel » sans que l’on ne sache jamais, de Joël ou de Jan, qui a fait quoi. Ils décèdent, l’un de maladie, l’autre d’un accident, à quelques mois d’écart en 1966. Ce parcours, fait unique en histoire de l’art, a largement contribué à singulariser leur oeuvre. Leurs deux grands personnages personnifient la justice.

Les façades sont structurées par des claustras qui permettent de capter la lumière tout en limitant les vues. Ce parti-pris peut s’interpréter comme un symbole du lieu : faire la lumière tout en protégeant. Les claustras sont composés d'éléments carrés préfabriqués abritant un triangle. Ce motif très élégant est un emprunt au style de l’architecte Auguste Perret, reconstructeur du Havre.

Pour accompagner le nouvel édifice, lieu essentiel de l’expression du droit républicain, les immeubles riverains reçoivent des parements de grès des Vosges, rose ou jaune.