Le centre national de création musicale (CNCM) Athénor organise le Campement scientifique les 5 et 6 février à Saint-Nazaire. Conférences, concerts et rencontres exploreront la recherche et la création arts-sciences en partenariat avec l’université de Nantes. Interview du directeur d’Athénor Camel Zekri.
Quelle est l’origine du Campement scientifique ?
L’idée de départ vient de l’ancienne directrice Brigitte Maisonneuve il y a une dizaine d’années, avec des questionnements autour de la science et de la transmission. Ce rendez-vous s’est construit au fur et à mesure avec des échanges entre des artistes et des scientifiques, via le théâtre. Depuis mon arrivée voilà deux ans, on l’a élargi à la musique.
Pour vous, que représente cet événement ?
Le compositeur Pierre Boulez a fondé l’Ircam, Institut de recherche et coordination acoustique/musique, à la demande du président de la République George Pompidou en 1974. C’est un centre français de recherche scientifique, d’innovation technologique et de création musicale qui anticipe la révolution numérique sur les langages et les pratiques artistiques, comme la composition musicale avec des ordinateurs.
Le Campement scientifique s’inscrit dans cette ligne-là. Il accueille des luthiers du numérique, à la frontière entre arts et sciences. Ces luthiers travaillent sur l’intelligence artificielle ou l’électricité du corps et nous rappellent, qu’à une époque ancienne, mathématiciens et musiciens partageaient cette appétence pour la science. En tant que CNCM (centre national de création musical), le seul de la façade Ouest parmi les huit en France, cela fait partie des missions d’Athénor de faire le lien entre arts, recherches et sciences.
Le Campement scientifique est d’ailleurs en lien avec la Nuit blanche des chercheurs ?
Nous nous appuyons sur la Nuit blanche des chercheurs le 6 février. Nos propositions émanent d’une convention avec le laboratoire de mathématiques Jean-Leray et le laboratoire des sciences du numérique LS2N. Cela nous offre l’opportunité de faire venir des personnalités à Saint-Nazaire et de présenter les projets en cours.
A qui s’adresse l’événement ?
Cette année, nous avons commencé à travailler avec les universités et écoles nazairiennes où auront lieu la plupart de ces rendez-vous qui peuvent toucher les étudiants. Mais c’est gratuit et ouvert à tous.
Cinq temps forts sont programmés sur deux jours ?
Oui, la conférence illustrée Archipel sonore est prévue à la médiathèque Etienne-Caux mercredi 5 février avec les artistes Kristoff, K. Roll et le chercheur sémiologue de Paris 8 Pierre Johan Laffite. Elle coïncide avec la sortie officielle d’un ouvrage en plusieurs volumes notamment sur les modèles électroacoustiques et le langage poétique.
La médiathèque accueille aussi une rencontre-lecture sur notre édition de l’Imprécis de vocabulaire mathématique, un recueil de dialogue et d’illustration qui joue sur le sens des mots employés par des mathématiciens.
Le même jour, un concert et une conférence seront consacrés au live Coding sur le campus de Gavy. C’est un coup de cœur en matière d’innovation numérique et de valeurs de démocratisation. Un duo joue de la musique en codant et tchattant en direct devant les spectateurs. C’est drôle. Leur code est simple et fait l’objet de développement d’un outil encore plus accessible avec le lycée expérimental.
L’innovation sera aussi au rendez-vous de la conférence Marche naturelle au SPi numérique ?
En effet, elle se base sur des capteurs de position utilisés à la fois par l’artiste Christophe Lebreton et l’ingénieur Aymeric Stamm. En créant de la musique avec ces capteurs installés sur des patients atteints de problèmes de mobilité, ils vont pouvoir aider les patients à corriger des mouvements.
Enfin des conférences dites BBDMI se dérouleront le jeudi 6 février autour d’un outil qui capte l’électricité des muscles ou même des plantes et les traduit en système sonore. Yann Orlarey a même inventé un langage appelé FAUST qu’il présentera.
Ce qui est intéressant avec ce Campement scientifique, c’est d’ouvrir des champs grâce à la force des croisements d’univers différents et d’outils utilisés différemment dans le médical ou l’artistique.