Cargo, les photographiques : voyage à pied et en images

Inauguration de l’exposition photographique Cargo. Photographies de John Batho – Crédit photo : Martin Launay

Pendant l’été, Saint-Nazaire devient galerie géante, illustrée et transformée par la présence des œuvres d’artistes internationaux qui nous invitent au voyage, dans les rues et dans le monde.

 

C’est un premier rendez-vous qui donne déjà envie de le rééditer. Cargo, les photographiques, festival en plein air conçu par l’association L’art à l’Ouest, transforme Saint-Nazaire en écrin/écran géant au long d’un parcours à parcourir en en entier ou par bribes, dans l’ordre qu’on veut, pour visiter la planète et revisiter la ville.

Mythes et mystère en Suède

Pour le voyageur de passage, Cargo, les photographiques de Saint-Nazaire commence dès l’arrivée à la gare dont le parvis accueille les images de la Suédoise Maja Daniels. Elle combine ses photographies avec les clichés réalisés par Tenn Lars Persson (1878-1938), « inventeur, mécanicien et photographe » pour nous emporter, entre mythe et réalité, imaginaire et quotidien, dans la vallée suédoise d’Älvaden, région où l’on parle l’elfdalien, mystérieuse langue ancienne dérivée du vieux norrois des Vikings…

Deauville en couleurs

Mais l’on peut aborder Cargo par la mer, par exemple en accostant au Petit-Maroc, entre halle sud et coopérative maritime, pour se laisser transporter sur la page de Deauville, où John Batho a saisi l’image de parasols/cabines de plage. En images géantes, affichées en façade ou suspendues, ou alignées en plus petit format sur le mur adjacent, elles attirent et perdent le regard dans la répétition de vives taches multicolores qui semblent peintes. On peut jouer à s’imaginer ce qu’elles contiennent ou se laisser simplement emporter dans le dédale rythmé qu’elles constituent : « La première sensation est réjouissante. Plus on regarde la couleur, plus elle peut nous parler », explique l’artiste.

Poésie durassienne sous les pins

De quoi donner l’envie d’en voir davantage… Il suffit pour cela de poursuivre la promenade en direction de la plage du Commando. Sur le chemin, boulevard de Verdun, c’est à l’abri des pins et accrochée à leurs troncs que nous attend l’exposition L’odeur de la nuit était celle du jasmin, invitation poétique dans l’univers de Marguerite Duras réinventé en tirages hypertravaillés étonnants, entre gravure et photographie ancienne. Flore, artiste franco-espagnole, se dit « très touchée de voir vivre en plein air » son travail délicat habituellement réservé à des espaces plus intimes. Touché, le visiteur le sera aussi, très certainement, et demeurera peut-être un moment à rêvasser sous les arbres et en Asie. Un temps méditatif avant la suite…

Tourisme de la désolation

Après les confins de la Suède, la côte normande, l’Indochine et le Vietnam, c’est un véritable périple qui attend le promeneur dans la galerie des Franciscains, où Ambroise Tézenas propose une vision très esthétique d’une réalité assez sordide : celle de lieux de tragédies devenus destinations touristiques. Il nous donne à voir et à méditer, d’Oradour-sur-Glane à Tchernobyl en passant par le Rwanda, le Liban ou la Chine, sur les pas du Tourisme de désolation. Ses images, dont la beauté contraste avec leurs sujets terribles, illustrent toute l’ambiguïté de la démarche de « vérification d’un cauchemar » qui mène les visiteurs dans ces lieux d’horreur, entre intérêt respectueux et voyeurisme morbide.

L’histoire de la ville observée et réinventée

Dans le même lieu, le Tunisien Nidhal Chamekh livre le résultat de sa résidence nazairienne, un travail autour du territoire et de son histoire, une plongée dans les archives de la ville et dans l’espace urbain. En un triptyque de dessins de grand format et une vidéo, Rise and fall traduit sa vision de Saint-Nazaire, partagée entre destruction et construction, ruines et modernité, intimement liées.

Le moment est venu de prendre l’air, de parcourir à son rythme le front de mer, la tête pleine de rêveries, l’imaginaire stimulé, pour rejoindre la pointe de Villès et y découvrir le résultat du travail mené par la photographe, vidéaste et plasticienne Marie Sommer avec les enfants en CE2-CM1 à l’école Ferdinand-Buisson : leur collecte d’images d’archives leur a permis d’observer les évolutions de la ville et de la réinventer en photomontages dont chacun raconte une histoire.

 

« Cette invitation au voyage pose un regard sensible sur notre ville et ouvre une fenêtre sur notre époque. Notre collaboration avec l’association L’art à l’Ouest participe à l’ancrage de l’art photographique dans les Pays de la Loire », salue Michel Ray, adjoint la culture. Dominique Gellé, de L’art à l’Ouest, se réjouit de « l’alchimie réussie entre des lieux dédiés comme la galerie des Franciscains et des lieux ouverts métamorphosés par la présence des œuvres ».

 

Galerie des Franciscains : jusqu’au 20 août

Place du Commando, pointe de Villès, place Sémard, boulevard de la Légion-d’Honneur : jusqu’au 3 octobre

 

L'exposition Cargo en images

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