La maire de Saint-Nazaire et ses adjoint·es. © Martin Launay – Ville de Saint-Nazaire
Réélu en juin à la tête de la municipalité, David Samzun entame son deuxième mandat de maire avec une équipe renouvelée et une priorité : amortir les effets de la crise sanitaire. Interview.
Le début de votre mandat arrive dans un contexte particulier avec la crise sanitaire et ses conséquences sur la vie économique
Ma première préoccupation est de protéger les habitantes et les habitants, individuellement et collectivement, tout en faisant en sorte d’assurer un service public de qualité. Ensuite, l’emploi est et restera la priorité absolue de ce mandat. Notre industrie va rencontrer des difficultés mais elle a des atouts pour les affronter. Nous sommes une terre d’innovation qui permet aujourd’hui et encore plus demain d’allier développement et croissance verte pour jouer un rôle important dans la transition énergétique. Nous pouvons en effet nous appuyer sur des laboratoires de recherche de haut niveau et des compétences industrielles reconnues.
Nous ne vivons pas une crise économique au sens strict mais une crise sanitaire qui a des conséquences sur l’économie. Ce n’est pas lié à une mauvaise stratégie industrielle. Il ne faudrait pas que cette crise sanitaire soit une « aubaine » pour lancer des plans sociaux. Je serai extrêmement vigilant sur l’utilisation des aides an- noncées par l’État et je m’opposerai à tout licenciement sec. Mais la filière aéronautique va avoir besoin de se restructurer pour faire face en attendant la reprise. L’enjeu, c’est de conserver les compétences, au be- soin en mutualisant avec l’industrie navale, au moins temporairement. Il faudra aussi maintenir les efforts de recherche pour tendre vers l’avion « zéro carbone ». Je serai spécifiquement attentif à ce que les moyens annoncés par l’État en faveur de l’aéronautique bénéficient aux sites et entreprises de Saint-Nazaire.
Ces dernières années, de nombreux projets ont été finalisés ou lancés. Où en-êtes-vous aujourd’hui ?
Si j’ai une certitude, c’est bien que l’aménagement d’une ville ne sera jamais terminée. Préparer l’avenir à long terme, c’est aussi ça la no- blesse de la politique et de ce mandat en particulier. Il nous faut d’abord poursuivre le projet stratégique voté en 2014, tout n’est pas complète- ment terminé. La nouvelle génération d’élu·es qui arrive au conseil aura la responsabilité de ré-interroger les projets en cours. La crise actuelle va également nous obliger à nous adapter. Certains projets pourront être repoussés, modifiés voire supprimés. Le contrat que j’ai avec la population, c’est le programme que j’ai présenté aux élections municipales.
Le gouvernement a annoncé une nouvelle étape de la décentralisation, il faudra se montrer agiles et réactifs, faire avec les contraintes et les opportunités qui ne manqueront pas d’apparaître. Nous présenterons la feuille de route complète du mandat début 2021.
Les collectivités gèrent de nombreux chantiers (environ 28 millions d’euros d’investissement par an pour la Ville). Certains sont très visibles : écoles, gymnases et équipements sportifs ou culturels. D’autres le sont moins, tels que les réseaux d’eau et d’assainissement, la gestion des eaux pluviales.
La question d’aménagements cyclables et de voirie seront, comme promis, l’une des priorités de ce mandat.
«Devenir la ville du vélo»
Le confinement vous a donné l’occasion de mettre un coup d’accélérateur sur le plan vélo. Cette dynamique va-t-elle se poursuivre ?
Sur ce territoire, nous avons le potentiel pour vraiment favoriser les déplacements quotidiens à vélo mais aussi les balades. Pendant le confinement, on a effectivement accéléré. Nous avons testé des choses et nous avons par exemple vu que sur la route de la Côte d’Amour cela ne fonctionnait pas bien pour le moment et que, sur le front de mer, nous aurons de petites choses à régler. Notre objectif est à la fois de bien desservir et de relier les centres-bourgs et les zones d’emploi.
Nous allons donc rapidement mettre en œuvre un plan vélo plus exigeant. Comme pour les transports en commun, l’augmentation des infrastructures et des équipements amèneront une plus grande fréquentation. C’est ce qu’il s’est passé avec hélYce. Pour le vélo, il faut avant tout améliorer la sécurité pour « attirer » les cyclistes.
Vous avez également fait des annonces en matière de sécurité. À Saint-Nazaire comme ailleurs, c’est devenu une préoccupation importante.
Déjà, je ne regrette absolument pas d’avoir mis en place la vidéo protection et la police municipale. Nous allons doubler nos effectifs de policiers municipaux et augmenter le nombre de caméras de surveillance dans la ville. Mais la tranquillité publique ne se résume pas à ces éléments. Il nous faut aussi nous concentrer sur toutes les politiques que l’on peut mener en amont pour prévenir la délinquance, qu’elle soit visible dans l’espace public ou confinée dans l’intimité comme le sont les violences intrafamiliales.
Nous allons prendre nos responsabilités sur ce sujet mais je le dis avec insistance : la tranquillité publique est avant tout de la responsabilité de l’État. À Saint-Nazaire, où la population augmente, et en raison de la spécificité et de la taille exceptionnelle de notre bassin d’emploi, nous manquons de policiers nationaux. C’est le sens de mon courrier au ministre de l’Intérieur cet été, dans lequel j’ai une nouvelle fois demandé des effectifs de police renforcés.
L’élection municipale a connu une abstention record. Est-ce que cela va changer votre pratique de la concertation et du dialogue avec les citoyens ?
Cette abstention exceptionnelle doit interroger l’ensemble du personnel politique et la République tout entière. De mon côté, je continuerai à être un maire de proximité en assurant des rendez-vous mensuels dans les quartiers et en étant présent au quotidien dans la ville à la rencontre des habitant·es qui m’interpellent régulièrement. Les concertations plus formelles et plus organisées se poursuivront également sur le même rythme qu’avant.
Je mettrai aussi en place des moments d’informations et d’échanges avec les groupes de la droite républicaine qui n’ont plus de représentant au conseil municipal.
David Samzun, ses dates clés
- 1970 Naissance à Saint-Nazaire
- 1988 s’engage en politique en adhérant au parti socialiste
- 1995 conseiller municipal chargé du centre-ville et du commerce
- 1996 débute sa carrière à la Caisse d’épargne
- 2001 adjoint à la jeunesse
- 2006 adjoint à l’urbanisme et à l’habitat
- 2008 vice-président de la CARENE et président de Silène (office public de l’habitat)
- 2014 est élu maire de Saint-Nazaire et président de la CARENE.