Jusqu’au 31 décembre, Minia Biabiany, une artiste originaire des Caraïbes et résidant en Guadeloupe, présente au Grand Café une exposition intimiste, « Pluie sur mer », inspirée de son ressenti et de son vécu personnel.

 

Minia Biabiany appartient à cette génération d’artistes engagés et plurivalents à suivre de près. Récompensée du prix Sciences Po pour l’art contemporain, la jeune femme de 34 ans exprime son histoire, à travers ses propres réflexions intérieures. Ses œuvres scénographiques, empreintes de délicatesse, abordent la politique comme la nature, avec pour fil conducteur la mer. « L’enjeu de mon projet était de comprendre la relation aux territoires et de créer un espace de connexion. Mes recherches et mon travail m’ont naturellement conduite à reproduire un lien à la terre et l’oubli dans l’espace autour de l’océan Atlantique et des quatre éléments. » Exposées dans les trois salles du Centre d’Art Contemporain, les créations de la Basse-Terrienne illustrent trois thématiques aériennes, maritimes et cycliques… 

Inspirez, expirez…

Dans la première salle, L’Oubli présent, lectures tracées présente deux projections, Learning from the White Birds et Pawòl sé van. Entremêlé de plans fixes sur des plantations bananières, des paysages caribéens, le premier film se fige sur des plans récurrents et des fondus en noir ou blanc, qui peuvent évoquer la mort comme la liberté, la mémoire comme l’espoir. Le kyo, un oiseau blanc très courant en Guadeloupe, y joue le premier rôle. Un rôle libre et aérien… La vidéo est agrémentée de commentaires en anglais sous-titrés français qui reviennent en boucle, à l’image des visuels : « in, out… ». Inspiration, expiration. « L’intention se déplace dans l’air » répète l’artiste dans un souffle rythmé par une respiration modulée, ménageant des moments de silence à son œuvre. « Dans ces créations vidéographiques, j’ai voulu injecter mes questionnements sur la respiration et le rythme… » commente l’artiste.

Mémoire mystique  

Le visiteur peut alors entrer dans la salle principale du Grand Café, où Minia Biabiany expose un vaste travail cartographique. Entre ciel et terre, la composition architecturale relie par des fils des sculptures en céramique, soigneusement disposées sur le sol, à un ciel tissé de constellations imaginaires. En évoquant la traite négrière, la créatrice se questionne sur les différents héritages et leurs interprétations ; « Quels fils peut-on tirer de notre histoire, de l’esclavage ? De ces bateaux négriers qui quittaient la terre en se guidant grâce aux étoiles ? »  Seuls matériaux exportés de Guadeloupe, ces céramiques représentent des symboles forts pour Minia Biabiany. « Les autres matériaux, sable, bois… ont été récupérés ici dans l’intention de connecter nos deux territoires. » Cette œuvre panoramique, dans la continuité de la thématique de son travail de mémoire, honore le souvenir des captifs oubliés. Par le corps et le ressenti, l’artiste aborde, dans la dernière pièce, le magma/le cycle à travers une œuvre intitulée Souffle en verre du volcan de la Soufrière.

Venez prendre la pulsation rythmique de cette exposition sensorielle avant qu’elle ne s’envole au Palais de Tokyo à Paris.

 

 

 

Infos pratiques

Infos pratiques

  • Au Grand café, jusqu’au 31 décembre, du mardi au dimanche de 14h à 19h.
  • Entrée gratuite.

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