L’artiste Édith Dekyndt propose de suivre les déplacements du « fantôme » d’un couple de danseurs. © Marc Domage.
Le Grand Café nous offre une promenade onirique dans le temps et l’espace à travers les Chroniques de l’invisible imaginées par cinq artistes. Visuel.
C’est une bien jolie proposition que nous fait le Grand café en cette fin d’année, celle de nous promener dans ses locaux pour y découvrir, deviner ou imaginer « l’invisible ». Pour le troisième et dernier volet de sa « généalogie fictive » à Saint-Nazaire après Spolia en 2018 et Contre-vents en 2019, Guillaume Désanges, commissaire d’exposition indépendant, a invité cinq artistes à explorer l’espace public de la ville et de ses environs.
Chacun a ensuite posé dans le lieu de son choix un geste artistique volontairement discret, à chercher selon ses coordonnées GPS ou en se promenant l’œil aux aguets. L’Autrichien Lois Weinberger et les forges de Trignac, la Belge Edith Dekyndt et le temps des transatlantiques, la Française Eva Barto et l’histoire économique et industrielle de la ville, le Tunisien Ismaïl Bahri et la Brière, le Catalan Ignasi Aballí et le musée des Beaux-Arts détruit…
Chacun a revisité ou imaginé un pan invisible ou disparu de l’histoire du territoire, et le donne à voir à sa manière dans le Grand Café : « Je leur ai demandé de parler du rapport entre l’intérieur et l’extérieur, ce lieu et le dehors, en proposant des gestes très simples, des œuvres qui ne sont pas annoncées en tant que telles, autour d’éléments pas ou peu visibles, ou déjà disparus. Les pièces exposées en sont l’écho », explique Guillaume Désanges.
Du musée détruit aux bals perdus
Dans la première salle, en une projection d’un quart d’heure, neuf récits à écouter avant d’entamer la promenade, la tête chargée de ces histoires, pour en trouver la résonnance dans les œuvres.
Au rez-de-chaussée, Ignasi Aballí nous emmène dans un musée dont demeurent seules les traces : celles de tableaux décrochés, celles des visiteurs appuyés sur le mur d’en face, le tout « éclairé » par de fantomatiques fenêtres. Sur les vitrines, il a tracé le nom de l’impalpable qui nous environne : brouillard, pollen, poussière, atmosphère, neige intermittente…
Le ton est donné. L’exposition transporte dans des endroits réinterprétés, ou idéalisés : la boue de Brière magnifiée par Ismaïl Bahri, le morta volé par Eva Barto, les oiseaux migrateurs pour LoIs Weinberger…
Edith Dekyndt a quant à elle posé des capteurs sur un couple de danseurs. L’enregistrement de leurs déplacements génère les mouvements d’un projecteur fixé au plafond de l’ancienne salle de bal du café, à l’étage, au rythme d’un fox-trot des années 1920. L’effet est saisissant, on est comme plongé dans une scène de film fantastique où, le temps d’une danse et avec un léger frisson, on « voit » le fantôme d’un couple évoluant ici, naguère, à l’époque des transatlantiques…
Pratique
- Jusqu’au 3 janvier 2021, places des Quatre-z’Horloges.
- Dimanche 6 décembre à 15h30, rencontre avec le commissaire de l’exposition, Guillaume Désanges.
- 14, 28 novembre et 12 décembre à 16h30, visites-récits
- 21 novembre, 5, 19 et 26 décembre, 2 janvier à 16h30, visites commentées.
- Visite en langue des signes française jeudi 26 novembre à 18h
- Sans réservation.
- Rens. 02 51 76 67 01