Patrimoine. Redécouvrons les vitraux de Rezvani

Les couleurs des vitraux, ici dans les tons bleus, créent une ambiance différente selon les espaces de l’église.

Serge Rezvani aura 96 ans ce 23 mars. L’artiste multiple, connu comme « le parolier de la Nouvelle Vague », donnait un concert avec Dominique A l’été dernier à Avignon. L’instant est bien choisi pour se souvenir qu’il a dessiné les vitraux de l’église Sainte-Anne à Saint-Nazaire.

Serge Rezvani est l’auteur de trois ensembles de vitraux en France. Son œuvre à Saint-Nazaire participe de l’architecture de l’église Sainte-Anne. Cet édifice de la Reconstruction, conçu par l’architecte Henri Demur avec des artisans d’art et des artistes à la fin des années cinquante, est inscrit aux Monuments historiques depuis 2018.

« Les vitraux fonctionnent comme un éventail, explique Emmanuel Mary, chargé de projet Ville d’Art et d’Histoire. En rentrant dans l’église, on voit la lumière, mais sans savoir d’où elle vient. C’est symbolique. Quand on approche de l’autel et qu’on se retourne, on comprend que les sources lumineuses émanent de ces vitraux en lancettes, vitraux qui se déploient selon où l’on se place. »

Peintre de l’abstraction lyrique dans l’après-guerre

C’est à Serge Rezvani que l’on doit cette composition magistrale. Autour de 1956, le jeune peintre abstrait est remarqué par des prêtres dominicains qui lui proposent de réaliser des vitraux. Pendant une courte période, l’artiste dessinera aussi ceux de l’église de la Clarté-Dieu à Orsay (Essonne) et de l’église Saint-Nicolas à Oye-et-Pallet (Doubs).

A Saint-Nazaire, il a recours à une technique mise au point en Italie et en France dans les années trente : des dalles de verre serties dans du ciment et non dans du plomb, verre dix fois plus épais que celui des cathédrales. « Cela rend les vitraux beaucoup plus lumineux, commente Emmanuel Mary. Ce qui est aussi assez beau, ce sont les bulles d’air emprisonnées lors de la fusion du verre. »