Soleil de lune, Jean Picart Le Doux
Électrisant la façade symétrique du Grand Café, l’affiche rose et rouge « Power Up, imaginaires techniques et utopies sociales » annonce la toute nouvelle exposition du centre contemporain dont le vernissage a eu lieu jeudi 8 février, en présence des artistes et des trois commissaires d’expositions.
Jusqu’au 12 mai, le Grand Café sert d’écrin à un projet d’exposition à la fois sociétal et artistique qui nous permet d’explorer différemment l’univers des infrastructures énergétiques – canalisations de gaz, châteaux d’eau, centrales nucléaires, etc. -, un véritable patrimoine de réseaux qui organise littéralement nos modes d’existence, dans la ville mais aussi chez soi.
« Cette exposition réunit une quinzaine d’artistes et d’architectes de différentes générations qui posent un autre regard sur la technique, l’énergie. L’exposition nous ramène aussi à la nécessité de repenser nos modèles d’infrastructures, surtout à cause de cette crise énergétique qui est la nôtre », raconte Sophie Legrandjacques, directrice du Grand Café.
Saint-Nazaire cartographiée
À l’entrée de la grande salle, on peut découvrir l’immense carte de la graphiste nazairienne Charlotte Vinouze qui représente les grandes infrastructures du territoire de Saint-Nazaire – de la raffinerie de Donges au parc éolien en mer, ainsi que des projets qui n’ont jamais vu le jour. Le tout assorti d’éléments climatiques et de symboles cosmiques.
Face à la carte trônent sur le mur plusieurs reproductions de Jacques Dommée, architecte nazairien de l’entre-deux guerre qui ont été dénichées aux Archives municipales. En 1941, il a imaginé un château d’eau follement utopique dont le haut de la tour et sa forme oculaire a servi de base de création à un motif de papier peint ornant la première salle de l’exposition.
Eau et lumière
De l’autre côté du mur s’engage un dialogue entre l’eau et la lumière. Véronique Joumard y présente Ligne de lumière qui est composée de projecteurs halogènes, montés en série, et d’un modulateur électrique : « Sensibles à leur environnement sonore, les projecteurs sont tournés vers les spectateurs et s’allument en fonction des variations qui les entourent. Ils réagissent aux éclats de voix et, ici, aux ambiances du lieu avec l’installation de Lou Masduraud », raconte Véronique Joumard.
Juste à côté, le bruit de l’eau qui coule se déploie en effet dans toute la pièce. Baptisée Wet men, l’installation revisite des vestiaires de dockers, avec des barils métalliques, des pompes ruisselantes d’eau, des tuyaux qui fuient, des débardeurs et des chaussettes humides.
Un quotidien de la ville
Dans la petite salle du rez-de-chaussée, il est possible de découvrir une sculpture de Laura Lamiel qui a détourné les moquettes d’égout parisiennes en objet artistique. En face, une photographie de Mierle Laderman Ukeles nous fait voyager dans les rues de New York, en mettant en lumière la face cachée du réseau tentaculaire de collectes des déchets.
À l’étage, la fresque de Maya Mihindou qui tente de cartographier les enjeux contemporains liés à la pétro-culture, mène au dernier espace de l’exposition, une grande salle crépusculaire où gronde un orage invisible.
Face aux tableaux pop de l’artiste Basim Magdy trône la tapisserie Soleil de lune (1969) de Jean Picart Le Doux où cohabitent le soleil, le vent et la nature nourricière. La tapisserie semble faire écho au parc éolien marin qui se déploie aujourd’hui au large de Saint-Nazaire et qui s’inscrit dans la promotion des énergies marines renouvelables.
Infos pratiques
- 2 place des Quatre Z’Horloges, entrée libre
- tél. 02 44 73 44 00 – www.grandcafe-saintnazaire.fr
- exposition du 9 février au 12 mai, du mardi au dimanche 14h-19h
- visites commentées tous les samedis à 16h