- Culture, Jeunesse

L’évasion du Jean Bart racontée par des collégiens

Image du documentaire réalisé par des élèves du collège Pierre Norange. - Agrandir l'image, .JPG 141Ko (fenêtre modale)
Image du documentaire réalisé par des élèves du collège Pierre Norange.

[VIDEO] Quatre-vingt-un ans après l’évasion du cuirassé Jean Bart de Saint-Nazaire, une classe du collège Pierre Norange partage cette épopée dans un court-métrage.

La classe défense et sécurité globale* du collège Pierre Norange à Saint-Nazaire travaille sur la 2e Guerre mondiale et les événements qui se sont produits localement. Avec l’association Les Pieds dans le PAF, elle a produit ce documentaire de 7 minutes à l’aide d’images d’archives.

*partenariat entre le ministère des Armées et le ministère de l'Éducation nationale en faveur de l'insertion sociale et de la réussite scolaire

Court-métrage de la classe de Pierre Norange

Accompagné par leurs enseignants, les élèves ont rencontré l’officier de marine Gérald Morillas, très attaché à Saint-Nazaire et à son histoire. "C’est une jeune ville avec une âme magnifique et que reflète bien cette épopée si peu connue du Jean Bart. J’en ai pris conscience dans les années 2000 et je ne cesse de la partager depuis, mais aussi de l’enrichir des anecdotes que l’on me raconte."

Gérald Morillas préside notamment l’Amicale des Marins et Marins Anciens Combattants de la Côte d’Amour et recherche toujours des témoignages sur l’histoire du cuirassé. "Il y a eu une telle adhésion de civils et de militaires à la fois, tous grades confondus, c’est cela qu’il faut imaginer."

Aventure industrielle

Alors que les Nazis approchent de l’Ouest de la France en mai 1940, les Français qui construisent le cuirassé de 248 mètres de long prennent une décision : pour ne pas le laisser tomber aux mains de l’ennemi, il faudra lui faire quitter les chantiers prématurément, de longs mois avant qu’il soit achevé.

Une marée à grand coefficient est nécessaire pour sortir de la forme Caquot. Le Jean Bart devra donc être prêt à partir entre le 18 et le 20 juin pour échapper aux Nazis. "C’était l’exode, ça a été rocambolesque, une aventure industrielle rare pour faire venir le matériel nécessaire dans ces conditions."

Le cuirassé rouge

Le bateau disposera d’un moteur au lieu de deux, de deux arbres d’hélices au lieu de quatre, de la moitié des logements pour le personnel, etc. Achevé à 70%, il a tout de même la capacité de propulser un obus de 900kg à 40km. Il a la couleur du rouge minium qui protège de la rouille, mais n’est pas encore peint d’où son surnom de "cuirassé rouge".

Jusqu’au départ, le Jean Bart n’a jamais fait d’essai, ses hélices n’ont pas tourné. Pierre-Jean Ronarc’h, le commandant –nommé rétroactivement, mais choisi pour son expérience- donne l’ordre d’appareillage le 19 juin à 3h, une heure à peine après que les équipes portuaires annoncent avoir terminé de creuser le chenal.

"Toujours garder espoir"

Le navire est piloté avec Charles Lorec de la Compagnie des Pilotes de Loires et trois remorqueurs de la CGT, Compagnie Générale Transatlantique. Il talonne à l’avant et à l’arrière et passe tout juste avec seulement 20cm d’eau sous la quille. "Tous ces détails nous enseignent qu’il faut toujours conserver de l’espoir jusqu’au dernier moment", constate, admiratif, Gérald Morillas.

C’est dans la soirée que le Jean Bart prendra connaissance de sa destination : Casablanca. Il sera attaqué par des bombardiers allemands, mais ne sera touché que par une bombe et pourra poursuivre sa route.

Après des avaries importantes et l’exposition à la menace des sous-marins ennemis, le Jean Bart reprend une vitesse incroyable à 21 nœuds. Il parvient à Casablanca où un officier annonce avoir terminé l’assemblage du gyrocompas, instrument de navigation qu’il avait récupéré en pièces détachées au péril de sa vie avant le départ.

"On est émerveillés par cette opération dans laquelle il n’y a pas eu de mort", s’étonne encore Gérald Morillas. "Avec les plus jeunes qui la découvrent, ce sont des yeux qui s’ouvrent et qui brillent, c’est aussi un lien intergénérationnel."