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Médiathèque de Saint-Nazaire. Rencontre avec l'enquêtrice Patricia Tourancheau

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Patricia Tourancheau, grand reporter et spécialiste des affaires criminelles (©Hermance Triay)

La médiathèque Etienne Caux reçoit la spécialiste des affaires criminelles Patricia Tourancheau samedi 8 février à 15h pour une rencontre et une vente-dédicace.

 

Auteure de plusieurs ouvrages sur les grandes affaires criminelles (gang des Postiches, Guy Georges, Michel Fourniret...) qu'elle a traitées comme grand reporter pour Libération puis journaliste freelance, Patricia Tourancheau présentera son métier de fait-diversière, avant une vente-dédicace de ses derniers livres, "Le 36", "Grégory" et "Le magot", publié chez Seuil. Interview.

 

Dans "Le magot" (Seuil, 2019), vous revenez sur la rencontre entre Michel Fourniret et le gang des Postiches. C'est vous qui avez fait le lien entre ces différentes affaires -vous expliquez comment dans l'ouvrage. Comment vit-on une telle découverte et un tel rôle dans des affaires si marquantes ?

C’est jubilatoire, vraiment très plaisant de découvrir un scoop pareil, d’apprendre à la police, à la justice et au public la rencontre percutante entre deux mondes qui n’auraient jamais dû se croiser. Puisque je révèle que le stock d’or dérobé par l'Ogre des Ardennes Michel Fourniret, violeur et tueur pédophile appartenait en réalité au gang des Postiches, l’équipe de braqueurs la plus célèbre en France dans les années 80.

J’ai vraiment eu l’impression de faire avancer les choses. Au départ, il s’agit d’une simple intuition que je vérifie scrupuleusement et qui s’avère exacte, c’est dingue. J’y croyais à peine moi-même !

On pourrait dire que j’ai eu de la chance, c’est vrai, mais la chance ça se provoque. Et je crois que c’est ma grande connaissance de ces bandits auxquels j’avais consacré un livre en mai 2004 et mon expérience des faits divers qui, lorsque j’ai dû m’occuper pour Libération des affaires Fourniret en juillet 2004, a aiguisé mon flair, et suscité l’intuition que ces 50 kilos d’or déterrés d’un cimetière par les Fourniret en trucidant au passage la femme d’un voyou, était le butin que les gangsters des Postiches avaient enfoui au pied d’une tombe et jamais retrouvé.

Vous êtes venue au journalisme par la passion des faits divers et des affaires, pourquoi le journalisme et pas la police ou la justice par exemple ?

J’aime raconter les histoires des gens et des faits-divers, mon objectif est d'écrire des récits pour mes lecteurs. L’enquête journalistique est indispensable pour restituer ces affaires, mais n’a pas la même finalité que l’enquête judiciaire ou l’instruction d’un juge. Lesquelles visent à arrêter les suspects, les emprisonner et les traduire devant un tribunal ou une cour d’assises.

Je préfère être en contact avec tous les milieux, policiers et bandits, victimes et avocats, proches des suspects et des parties civiles, pour restituer les versions de chacun, sans prendre parti.

Vous dites que le 1er hold up du gang des Postiches s'est produit le jour de votre anniversaire. Comment interprétez-vous cette coïncidence ?

C’est une incroyable coïncidence ! Lorsque j’ai découvert que les Postiches avait inauguré la création de leur bande par deux braquages tests le 29 septembre 1981, jour de mon anniversaire, je me suis dit que c’était un petit signe de mon intérêt pour ces bandits là.

Vous exercez le métier depuis 30 ans, est-ce qu'il a beaucoup changé et qu'est-ce qui a le plus changé ?

Je pratique toujours le métier à l’ancienne en allant voir les gens d’un bord ou de l’autre, en recoupant mes sources, et en essayant de ne pas me laisser polluer par des rumeurs qu’on appelle aujourd’hui Fake news.

Ce qui a le plus changé, ce sont les moyens technologiques. J’ai commencé en écrivant à la main mes articles sur des carnets en reportage, puis je les dictais d’une cabine téléphonique aux sténos de Libération qui les clavaient. L’apparition de l’ordinateur, du portable, de Google, et des réseaux sociaux ont impliqué beaucoup de changements dans le métier, ainsi que les chaînes d’infos en continu.

Quelles sont les clés pour être un bon fait-diversier ?

Etre curieux, aimer les gens, avoir de l’empathie pour comprendre certains actes, à ne pas confondre avec de la sympathie ; ne pas verser dans le gore ou le voyeurisme mais tout simplement écouter les personnes qu’elles soient victimes, témoins ou suspectes, policiers ou magistrats, avocats, et restituer le fait divers comme le récit d’une histoire, avec sobriété mais détails.

Vous serez à Saint-Nazaire samedi, rencontrez-vous souvent le public ? Pourquoi Saint-Nazaire ?

Avec la parution de trois livres en trois ans, j’ai eu la chance d’être invitée à pas mal de salons du livre ou du polar en France, que ce soit à Lyon, Montaigu, Besançon, Concarneau, Paris, Nice, etc, mais également dans des médiathèques, et c’est un grand plaisir à chaque fois de rencontrer et d’échanger avec des lecteurs ou de futurs lecteurs.

J’ai volontiers accepté de venir présenter mon métier et discuter avec le public de Saint-Nazaire car la médiathèque m’a gentiment sollicitée. Et puis cette ville de Loire-Atlantique me plaît, j’y ai souvent passé les vacances quand mes enfants étaient petits dans la maison de ma soeur cadette qui y habite. J’ai adoré me baigner dans la ville, visiter les chantiers navals et la base sous-marine.