Le maire David Samzun dans son bureau
Le maire David Samzun dans son bureau (©Ville de Saint-Nazaire – Martin Launay)

Après une année 2024 marquée par le lancement de grands chantiers urbains, le maire David Samzun décrypte les enjeux pour 2025.

Avec les décisions de l’État sur le projet de loi de finances et les orientations des conseils départemental et régional, quel est le nouveau contexte financier pour la Ville de Saint-Nazaire ?

David Samzun : La situation nationale est extrêmement compliquée sur les plans politique et économique. Je n’ai jamais partagé le point de vue selon lequel les collectivités seraient responsables de la dette du pays. Bien au contraire, puisque nous votons à chaque fois un budget à l’équilibre. C’est la loi.

La situation financière de la Ville de Saint-Nazaire est bonne et maîtrisée, mais nous avons dû décaler le vote du budget 2025 car nous attendons des indications précises de l’État sur les efforts qui seront demandés aux collectivités.

En revanche, l’année 2025 s’annonce difficile pour le tissu associatif local qui va connaître des baisses budgétaires conséquentes après les annonces du Département et de la Région. Je suis très inquiet de ces coupes drastiques et de l’abandon des pans de politiques culturelles et sportives de la Région. La Ville n’aura pas la capacité de le pallier.

L’actualité nationale est marquée par de grands plans sociaux, qu’en est-il sur notre territoire ?

À Saint-Nazaire, la situation économique me semble plus forte et résistante à la crise que nous voyons venir. Mais le plan social en cours chez General Electric m’inquiète beaucoup car il vient fragiliser une filière industrielle nouvelle, l’éolien en mer, qui compte pour la transition énergétique.

Comment résistons-nous ? On continue à se battre collectivement et on continue surtout d’investir. Je suis convaincu que, grâce à la mobilisation générale des organisations syndicales, du monde économique et des élus, on va passer cette crise plus facilement ici.

Avec les entreprises attractives comme les Chantiers de l’Atlantique, Airbus et tous les sous-traitants du bassin d’emploi tels que MAN qui ont une lisibilité sur les commandes et une reconnaissance mondiale, on ne peut être que confiants dans l’avenir.

Les carnets de commande des Chantiers de l’Atlantique et d’Airbus offrent de belles perspectives d’avenir pour le territoire.

Quel soutien la Ville apporte-t-elle au milieu économique du territoire ?

Elle est à l’écoute des chefs d’entreprises, les petites comme les plus grandes. Elle veut être un facilitateur, notamment dans son travail avec l’État, les collectivités, les entreprises, les partenaires et les chambres consulaires sur les questions foncières, d’habitat, de mobilité et de formation.

Sur ces sujets de développement économique, il s’agit de contribuer, en toute humilité, à construire un outil productif adapté aux enjeux de demain dans une concurrence mondiale exacerbée. La Ville et l’agglomération nazairienne tâchent d’être dans leurs responsabilités.

L’industrie reste le secteur qui propulse l’économie nazairienne ?

Saint-Nazaire a connu des cycles économiques difficiles. Mais tourner le dos à l’industrie pour telle ou telle raison n’est pas une option.

Je suis un amoureux de cette économie : elle est source d’emplois mais aussi de pouvoir d’achat, de promotion sociale, de souveraineté nationale et une réponse à la transition énergétique – les enjeux climatiques et environnementaux sont importants. On ne dit pas assez que les carrières dans l’industrie favorisent un ascenseur social beaucoup plus rapide. Enfin, l’industrie est au service de politiques que nous développons, comme le tourisme.

Cet automne, un sondage a été réalisé auprès de la population. Quelles sont les grandes priorités et préoccupations qui en ressortent ?

Cette enquête devait nous permettre de vérifier que nous n’avions pas laissé de sujets de côté. Sur ce point, je suis rassuré. Ces résultats confirment deux de nos préoccupations majeures : la tranquillité publique et le centre-ville. Sur la tranquillité publique, et très clairement le trafic de drogue, je veux dire que la Ville est pleinement mobilisée dans ses responsabilités.

À la suite de mes différentes interpellations, l’État joue beaucoup plus son rôle qu’auparavant. Je suis content de voir, grâce au préfet et au sous-préfet, la mobilisation régulière des forces de l’ordre. Car il faut mener une guerre sans merci au cancer de nos villes qu’est le trafic de drogue. Il faut garantir que dans chaque quartier, dans chaque rue, dans chaque cage d’escalier, on puisse résider et se promener librement.

Évidemment, en parallèle de l’action de l’État, avec la police nationale et la gendarmerie, on continuera à développer la vidéoprotection et la police municipale. C’est ce qui est en train de se passer et nous regardons la situation sans angélisme.

Vous parlez de guerre, c’est très fort ?

Oui, d’autant que l’insécurité touche en premier lieu les plus faibles d’entre nous. Le trafic de drogue provoque des violences, la prostitution de mineurs et plus de cambriolages. Au-delà des toxicomanes profondément dépendants qui doivent disposer du soutien de soignants pour sortir de leurs addictions, celles et ceux qui se targuent d’une consommation récréative doivent prendre conscience de l’ampleur de leurs responsabilités. Ils sont des acteurs majeurs de ce cancer qui mine nos villes et nos sociétés.

Avec le port comme porte d’entrée, le trafic est une question européenne et mondiale et un enjeu majeur de santé publique. Je suis d’ailleurs inquiet de la baisse des moyens de la psychiatrie, de la fermeture de lits et des parcours de soins adaptés pour la prise en charge des hommes, des femmes et des enfants qui ont besoin de soins spécifiques.

Prochainement, trois lignes de bus hélyce seront mises en service avec une flotte de 40 véhicules électriques.

Revenons à la préoccupation sur le centre-ville.

La question du centre-ville est difficile. Je n’ai pas de baguette magique. Ce n’est pas moi qui ouvre ou ferme les magasins. Prenons l’exemple de Zara qui va malheureusement fermer en ce début d’année dans le Ruban bleu : son chiffre d’affaires ne cessait d’augmenter. Ce groupe national veut aller dans des villes beaucoup plus grandes. On a aussi des modes de consommation qui changent avec le développement d’Internet, celui de la seconde main et la question du pouvoir d’achat.

Les travaux ajoutent à cette période difficile, il ne faut pas le nier ; mais ils sont nécessaires pour préparer la ville de demain. Pour les habitantes et les habitants, ils garantiront une mobilité plus agréable pour les piétons, les cyclistes et les usagers des bus. Grâce aux bus électriques, nous pourrons répondre aux grands enjeux de pouvoir d’achat, d’environnement, de qualité de l’air et de bruit dans la ville.

De plus, un réseau de chaleur sera créé pour permettre de maîtriser les coûts de chauffage et de ne pas dépendre des marchés de l’électricité et du gaz. J’ai conscience qu’on perturbe la vie des commerçants. Mais je suis convaincu que les différents aménagements vont rafraîchir l’espace public et permettre de rêver d’un centre-ville plus dynamique.

L’année 2025 va voir l’achèvement de travaux importants à Saint-Nazaire…

Une livraison est attendue en 2025 par toute la population, celle du front de mer du côté de Villès-Martin avec le développement de jeux inclusifs pour les plus petits. On va révéler les bords de Loire avec des aménagements dédiés à la promenade, à la contemplation et aux pratiques sportives.

D’autres livraisons comme hélyce vont changer la physionomie de la ville, en particulier sur la route de la côte d’Amour. On aura beaucoup de belles réhabilitations dans le patrimoine scolaire. Ce sera une année de livraisons importantes et c’est tant mieux.

La livraison du front de mer 4 est attendue en 2025. © Spectrum
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