L’artiste Edgar Sarin expose au Grand Café jusqu’au 7 janvier 2024. ©Bruno Bouvry – Images de mer
Avec Objectif société (variations Goldberg), l’artiste français Edgar Sarin présente au Grand Café une exposition « vivante », qui évoluera au fil des mois.
Avec sa haute silhouette flottant un peu dans un chic costume bleu marine, ses cheveux bouclés rangés en crans vers l’arrière et ses lunettes à fine monture, Edgar Sarin pourrait sortir d’une cave de jazz des années 1940, ou d’un film des années 1950, ou encore de la photo d’un groupe d’artistes surréalistes des années 1930. Une allure générale un peu hors du temps. Lorsqu’il s’exprime, c’est du bout des lèvres, d’une voix douce, comme timide ou gêné : « Certaines œuvres trouvent leur vocation au sein de l’expo. C’est un geste très jazz, de l’impro… ». Ainsi évoque-t-il Objectif société (variations Goldberg), présentée jusqu’au 7 janvier au Grand Café. Une exposition organique toute de bois, pierre, terres, eau, unis pour « trouver une harmonie sociale et politique : j’essaie de parler de l’homme par des moyens humains. » Cette préoccupation est sensible dans toutes les œuvres, présentées comme autant de variations autour d’une même partition, à l’image de l’œuvre de Bach qui prête son titre à l’exposition.
La salle de droite du rez-de-chaussée, visible seulement depuis les vitrines extérieures et la porte vitrée, est un « espace intime, accessible seulement par le regard », explique Sophie Legrandjacques, commissaire de l’exposition. On y voit un joli bateau norvégien en bois, de type « skerry ». À l’arrière-plan, deux pirogues ont été taillées, avec l’aide des services de la Ville, dans un marronnier plus que centenaire qui avait dû être abattu : « C’est extrêmement romantique, les bateaux », murmure l’artiste, qui a préparé son travail en s’imprégnant de l’ambiance et de la culture locales, lesquelles sont ici évidemment dominées par la présence de l’océan et des embarcations.
Au fil de la visite, on explore un grand bâtiment en bois revêtu de torchis, on découvre un petit lararium, un bloc de marbre de carrare qui attend d’être travaillé, une pierre de tuffeau creusée, une grande toile (« une peinture musicale », dit l’artiste), peinte au charbon et à la cire d’abeille. Il y a aussi des sièges de bois et acier, une étagère… Et des sacs contenant de la terre glaise qui sera moulée en « haniwas » : « J’ai découvert au japon ces figures de terre cuite déposées dans les tombes, du troisième au huitième siècle. » Il a créé la sienne, animal imaginaire aux formes épurées. Rien n’est figé, tout continuera de bouger et se transformer au fil de l’exposition, au rythme des visites bimensuelles de l’artiste et de ses invités.