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Emploi. Les entreprises accueillantes, enjeu de territoire

Alison Carrere, 24 ans, exerce depuis cinq ans en Ehpad et suit une formation pour devenir aide-soignante. Elle se perfectionne au CMPR Côte d’Amour avec sa tutrice Anne-Sophie Nabucet. (©Ville de Saint-Nazaire - Christian Robert) - Agrandir l'image, .JPG 263Ko (fenêtre modale)
Alison Carrere, 24 ans, exerce depuis cinq ans en Ehpad et suit une formation pour devenir aide-soignante. Elle se perfectionne au CMPR Côte d’Amour avec sa tutrice Anne-Sophie Nabucet. (©Ville de Saint-Nazaire - Christian Robert)

Le territoire de l’agglomération nazairienne compte plus d’une cinquantaine d’entreprises accueillantes. Sont regroupées dans ce dispositif partenarial les entreprises qui facilitent l’accès de toutes et tous à l’emploi. Immersion dans un centre de rééducation et dans un magasin de bricolage nazairiens où l’accueil des visiteurs et des différents personnels est une priorité.

Animé par Saint-Nazaire agglomération avec le soutien des acteurs locaux de l’emploi et de l’insertion*, le dispositif "Entreprise accueillante", constitue aujourd’hui un réseau de 54 entreprises qui ont à cœur de participer à la découverte du monde de l’entreprise et de ses métiers ou de repenser leurs modes de recrutements.

Le centre de médecine physique et de réadaptation (CMPR) Côte d'Amour a intégré le dispositif en 2019. "Après un déménagement depuis la presqu’île guérandaise, l’enjeu était de se faire connaître, explique la directrice des soins Géraldine Chatal. Cela permet de valoriser l’investissement conséquent des professionnels dans le tutorat."

Pour les 250 salariés dans les métiers des soins, de la rééducation, mais aussi administratifs, logistiques et hôteliers, l’accueil de groupes d’instituts de formation et de stagiaires de tous les niveaux fait partie intégrante des missions. "Cette mise en relation avec l’entreprise, dès la 3e, permet de démystifier nos métiers et de les rendre attractifs." Rachel Poiselet, ex-maître de cérémonie funéraire, a voulu changer de voie après la naissance de son fils.

Le service des ressources humaines l’accueille pour deux semaines et demie. "C’est une période de mise en situation mise en place avec Pôle emploi, témoigne la jeune femme. C’est important pour avoir une expérience quand on n’a pas de diplôme. Je me retrouve entièrement dans ce métier et envisage une formation de secrétaire administrative." Pour l’assistante RH Gaëlle Robelin, "c’est notre rôle d’encourager les personnes qui pourront devenir de bons professionnels."

Il en va de même pour les aides-soignant·es et les kinésithérapeutes. "Avec nos horaires, nous sommes deux référents pour un élève, indique l’aide-soignante Anne-Sophie Nabucet. Cela lui offre deux repères et c’est rassurant pour tout le monde. Le stage professionnalisant est une passerelle entre la formation et le monde professionnel, c’est une responsabilité." L’enjeu nécessite des formations pour les tutrices et tuteurs.

La jeune Alison Carrere, en stage pour sept semaines, apprécie : "On est bien encadrés, on travaille dans de bonnes conditions. Avant d’arriver, on reçoit un diaporama complet présentant les activités, les procédures, l’organigramme... cela aide à définir ses objectifs pédagogiques."

Ce protocole d’accueil concerne tous les nouveaux professionnels. L’équipe de kinésithérapie reçoit quatre à six stagiaires par mois. "C’est important pour la pérennité du métier, remarque Christophe Le Bossé, cela permet aux stagiaires de participer à la pratique." Benoît Jauannic, étudiant français en Espagne, approuve : "J’ai été retenu à Barcelone après une licence 1 et j’effectue mes stages en France pour pouvoir y exercer. Les approches sont très différentes, je découvre plein d’horizons."

Bricoman mise sur l'humain

Avec plus d’une cinquantaine d’employés, Bricoman à Saint-Nazaire a revu sa politique d’accueil des salariés depuis le premier confinement. "Il y a chez nous une notion de solidarité, souligne le directeur Stéphane Craineguy, je suis attaché à l’alternance et à la réinsertion, c’est un devoir sociétal partagé avec les managers."

L’enseigne a adhéré au dispositif "Entreprise accueillante" en 2019. "Cela permet d’intégrer un réseau et d’échanger sur nos difficultés de recrutement", explique Thibaud Riou, manager des ventes. Bricoman travaille avec les lycées et Pôle emploi autour de la découverte des métiers liés au bricolage, de quoi faire tomber quelques clichés : "Certains pensent qu’il faut être un garçon dans ce secteur."

Le magasin s’investit dans des actions avec la mission locale comme le rallye de l’emploi, qui consiste à accueillir des jeunes autour d’un geste métier pendant une heure, ainsi que des jobdatings. "Nous recrutons beaucoup sur le savoir-être et il y a de belles rencontres", se réjouit Thibaud Riou.

Bricoman recherche constamment des alternant·es en licence ou master. Julie Groussain, 23 ans, gère le rayon menuiserie depuis deux ans : "J’alterne trois semaines ici avec une semaine pour mes cours en école de commerce. L’accueil est au top et on est vraiment reconnu comme un employé classique."

L’entreprise a développé un parcours d’intégration de cinq semaines : la première consiste à montrer tous les métiers du magasin de façon à faciliter les échanges. La deuxième permet de découvrir le métier en binôme et d’accéder à des formations e-learning sur la sécurité ou la technique. Les trois suivantes permettent d’acquérir de plus en plus d’autonomie.

"Des débriefs quotidiens permettent d’éviter toute situation de blocage, explique le manager des ventes. Grâce à cela, le turn over a beaucoup diminué depuis quatre ans. Le côté humain des ressources humaines prend tout son sens et se recentre sur le confort de vie."