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Exposition. Emmanuel Guibert dessine la vie d’Alan

Exposition sur l'oeuvre d'Emmanuel Guibert "La guerre d'Alan" à la médiathèque Etienne Caux à Saint-Nazaire (©Ville de Saint-Nazaire - Martin Launay) - Agrandir l'image, .JPG 139Ko (fenêtre modale)
Exposition sur l'oeuvre d'Emmanuel Guibert "La guerre d'Alan" à la médiathèque Etienne Caux à Saint-Nazaire (©Ville de Saint-Nazaire - Martin Launay)

Jusqu’au 4 janvier, la médiathèque Etienne Caux à Saint-Nazaire expose des planches de l’oeuvre de l’auteur et illustrateur Emmanuel Guibert. Ces planches proviennent de cinq albums nés de la rencontre avec le vétéran américain Alan Ingram Cope. Interview.

Alan est un vétéran américain que vous avez rencontré en 1994 sur l’Île de Ré. En quoi cette rencontre a-t-elle été marquante ?

J’ai rencontré Alan par hasard, en lui demandant mon chemin. L’amitié est venue tout de suite, très forte. Elle a duré les 5 ans que la vie nous a donnés pour nous côtoyer. Je la continue seul avec mes moyens, qui sont ceux des livres, des expositions, des rencontres comme celle qui aura lieu à St-Nazaire.

Je savais depuis 1994 que je consacrerais une biographie à Alan, je n’imaginais pas être toujours dessus vingt-cinq ans après. Je suis pourtant loin du compte, je n’en ai fait que la moitié. C’est un projet qui m’accompagnera sans doute toute ma vie, une sorte de colonne vertébrale dans mon travail.

Vous précisez bien qu'il ne s'agit pas d'un travail d'historien, on sent pourtant une approche singulière et documentariste dans votre oeuvre ?

Je ne suis pas historien mais je me documente sérieusement, je lis beaucoup sur le sujet, je vois des films, je voyage sur place, j’enquête… c’est une part passionnante de l'entreprise. Je me demande, au fond, si le travail n’est pas un alibi pour avoir vécu cette amitié avec Alan et pour, aujourd’hui, continuer de la nourrir.

Quand j’allais le voir à l’hôpital à la fin de sa vie, il me disait: "Je te remercie de ce que tu fais pour moi. Quand tu auras mon âge, je te rendrai la pareille." Je n’ai pas encore 74 ans, j’en ai vingt de moins mais, depuis sa mort, il n 'a pas cessé de rendre ma vie intéressante.

L'exposition montre une palette graphique très riche. Comment les années 30, puis la deuxième guerre mondiale, ont-elles influencé votre style ?

Mes images, c’est vrai, s’inspirent volontiers de ce qui se faisait en ce temps-là dans l’illustration ou la photographie, mais pas de manière directe ou ostentatoire. C’est plutôt une atmosphère dans laquelle j’ai baigné en me cultivant sur le sujet et que j’essaie de restituer. Je pense aux fameux photographes de la Farm Security Administration, par exemple, Dorothea Lange, Walker Evans, Ben Shahn…

Qu'attendez-vous de la journée du 7 décembre à Saint-Nazaire ?

Je n’ai fait que passer à Saint-Nazaire, je suis heureux de m’y arrêter. Et je n’oublie pas que Tintin m’y a précédé. Je n’ai jamais d’idée préconçue sur les rencontres, j’attends juste qu’elles engendrent des bons moments. Nous passerons un bon moment.