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Exposition. Les Nazairiens dans la Grande Guerre

De nombreux réfugiés ont pendant cette période été dans le besoin, manquant de nourriture et de logement. © Bibliothèque nationale de France. - Agrandir l'image, .JPG 167Ko (fenêtre modale)
De nombreux réfugiés ont pendant cette période été dans le besoin, manquant de nourriture et de logement. © Bibliothèque nationale de France.

Évoquez la guerre à Saint-Nazaire et l'on vous parlera de la Seconde Guerre mondiale. Mais qu'en est-il de la Première Guerre mondiale, comment a-t-elle été vécue par les Nazairiens ? Faute de recherches approfondies et de publications sur le sujet, la Grande Guerre à Saint-Nazaire risquait de tomber dans l'oubli. C'était sans compter sur le travail de sept associations nazairiennes (1) qui pendant plus de deux ans ont ?uvré ensemble pour donner vie à une exposition inédite.

«On pense à tort que, parce qu'elle était située loin du front, Saint-Nazaire n'a pas vécu ni souffert de la Grande Guerre. C'est faux ! Dès la déclaration de guerre le 2 août 1914, elle est devenue une ville-garnison : des milliers d'appelés ont afflué, logés dans les casernes et les écoles. Puis il y a eu les réfugiés venus du nord de la France, de Meurthe-et- Moselle, des Ardennes, de Belgique, d'Alsace... Toute la vie des Nazairiens s'en est trouvée bouleversée », explique Christian Morinière, président de l'association Aristide-briand. 

La guerre au quotidien 

Foule rassemblée sur le quai près de l'entrée Sud du port de Saint-Nazaire pour accueillir les premiers navires de soldats américains débarquant à Saint-Nazaire le 27 juin 1917. © Collection Saint-Nazaire Tourisme et Patrimoine - Écomusée - Fonds Archives de Guerre. Photographe : SIGNAL CORPS (U.S.A). 

En dehors de l'arrivée des Américains en 1917, peu de documents sur la Grande Guerre avaient été mis au jour, alors même que cette période a été d'une extrême dureté pour la population. Les recherches faites par les bénévoles des associations les ont menés au c?ur des Archives municipales et des Archives départementales, mais aussi à la bibliothèque nationale de France, au Centre d'histoire du travail de Nantes, etc. Des archives privées ont également été consultées, collectées, analysées, sans oublier celles des associations elles-mêmes. et c'est ainsi que tout un pan de l'histoire de Saint-Nazaire a été redécouvert. Journaux, affiches, cartes postales, photos, courriers, objets, documents administratifs...

Soldats américains qui défilent sur le bord de mer le 26 ou 27 juin 1917.  © Bibliothèque nationale de France.

L'exposition nous parle du quotidien des Nazairiens, mais aussi de celui des réfugiés, des soldats blessés soignés ici à Saint-Nazaire. Des prisonniers, aussi, acheminés depuis le front, et de l'afflux des soldats anglais et canadiens, puis des Américains en 1917.

À travers ces tranches de vie, on découvre la faim, le travail des femmes à l'usine pour remplacer les maris partis au front, la solidarité et la vie qui s'organise envers et contre tout. Un nombre incalculable de personnes, notamment les réfugiés ? le sujet fait cruellement  écho aujourd'hui ? se sont retrouvées dans le besoin, manquant de tout ou plutôt de l'essentiel : pain, toit, charbon. Les prix ont explosé et beaucoup en ont blâmé les Améric

Une ville transformée


Distribution d'eau, rue de Cran. L'eau a fait cruellement défaut pendant cette période ©Collection Saint-Nazaire Tourisme et Patrimoine ? Ecomusée. Fonds Carte Postale. Photographe Morel.

L'exposition nous parle aussi d'un problème vital : l'eau, qui faisait déjà défaut avant la guerre. L'installation de la base américaine ayant multiplié par deux la population nazairienne, la situation devient intenable. Pour faire face à leurs besoins en eau potable, les Américains réalisent l'étang du bois Joalland dont les installations seront reprises après la guerre par la municipalité.

Difficile de parler de Saint-Nazaire durant la Première Guerre mondiale sans évoquer également la transformation industrielle de la ville, lorsque les usines métallurgiques ont mis l'activité navale en pause pour se reconvertir dans la fabrication d'obus. L'activité portuaire a véritablement battu son plein toutes ces années. 

Intérieur de l'atelier n°1 servant au montage des locomotives Baldwin par  les soldats Américains du 19ème Régiment du Génie du Camp de Penhoët. Le 7 avril 1918. @Collection Saint-Nazaire Tourisme et Patrimoine ? Ecomusée. Fonds Archives de Guerre.  

Plus vive que jamais, l'activité syndicale a généré plusieurs mouvements sociaux importants, notamment pour demander l'augmentation des salaires et s'insurger contre la vie chère. C'est à cette époque que s'est élevée la voix d'un certain François Blancho, à l'origine de plusieurs coopératives de  consommation et qui deviendra maire de la ville en 1925. 

 

Bouleversante mémoire 

 

Au total, plusieurs dizaines de bénévoles ont participé aux recherches et à la mise en ?uvre de l'exposition. «Je tiens à saluer le travail extraordinaire accompli par ces associations. La Ville est fière de présenter cette exposition et d'avoir été depuis plus de deux ans partie prenante de ce projet d'une grande qualité », nous dit Philippe Déguiral, conseiller municipal en charge des affaires militaires et des cérémonies commémoratives. 

 

Le résultat est là: la plongée qui nous est proposée dans le quotidien des nazairiens, cent ans en arrière, est une poignante ?uvre de mémoire. 

Troupes anglaises devant la gare de Saint-Nazaire s'embarquant pour le front pendant la Première Guerre mondiale vers 1914-1915. © Collection Saint-Nazaire Tourisme et Patrimoine ? Écomusée.  Fonds Carte Postale. Photographie Judalet. 

 

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A noter

Exposition « Les Nazairiens dans la Grande Guerre », du 7 au 27 novembre de 11h à 19h et 7j/7 à la Galerie des Franciscains (rue du Croisic). Entrée gratuite. 

 

Saint-Nazaire côté front 

Outre la vie quotidienne locale, l'exposition consacre un deuxième volet aux Nazairiens partis au front. Pour la première fois, un inventaire exhaustif des soldats nazairiens morts pour la France durant ce conflit est présenté : plus de 1 200 noms arrachés à l'oubli. Pour compléter cet hommage, un partenariat a été engagé avec Ablain-Saint-Nazaire, ville martyre située sur le front de la bataille d'Artois et où a été inauguré récemment l'Anneau du Souvenir. 

 

(1) Sept associations pour se souvenir ont participé à l'organisation de l'exposition « Les Nazairiens dans la Grande Guerre » : Angénea, AREMORS, Aristide Briand, Cité 50-Cité scolaire, Mémoire et Savoirs Nazairiens, l'UIA, l'Union Nationale des Combattants (UNC). Saint-Nazaire Tourisme et patrimoine a également contribué à cette exposition en fournissant objets et photos d'époque.