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De l’entre-deux-guerres à la Reconstruction : des constructions signées Dommée
Pour ouvrir la programmation Ville d’art et d’histoire 2022, une conférence et une visite urbaine seront consacrées en mars aux architectes Dommée père et fils, sauvés de l’oubli par la restauration et l’étude d’un précieux fonds d’archives.
Les Dommée, c’est d’abord Georges, né dans la Sarthe en 1861 et mort à Saint-Nazaire en 1943. En 1920, il ouvre un cabinet d’architecture et s’associe avec deux de ses fils, dont on retiendra le plus productif, Claude. C’est à ce dernier que l’on doit les halles de Saint-Nazaire en 1958.
Des influences bien dans leur temps
Les réalisations du cabinet Dommée nous en disent long sur l’architec- ture de l’entre-deux-guerres et ses influences régionalistes et art déco. Il suffit de sillonner le quartier de la Havane pour admirer l’héritage — ce- lui échappé aux bombardements de 1943 — que les architectes père et fils nous ont laissé : une maison au style néo-normand rue de Vera-Cruz, une autre à la façade ornée de décors en sgraffite* située rue de Porni- chet, et bien d’autres demeures ici et là dans Saint-Nazaire, mais aus- si sur la presqu’île et jusqu’à Pornic. À l’époque, les Dommée ont pour clients une majorité de familles ai- sées, dont beaucoup leur resteront fidèles lorsqu’il faudra reconstruire.
Un précieux fonds d’archives
À la reconstruction, justement, Claude Dommée — qui a succédé à son père en 1937 — est nommé ex- pert aux dommages de guerre et architecte d’opération. Il rencontre alors les sinistrés, photographie ce qu’il reste de leur maison, établit des relevés et dessine des plans, en s’appuyant notamment sur les témoignages et souvenirs. Tous ces documents, qui dessinent une vue
émouvante de la ville avant sa re- construction, sont rassemblés dans le fonds d’archives cédées à la Ville en 2011 par la veuve de Claude Dom- mée (décédé en 1985) et soigneu- sement restaurées. À travers ses photos, ses plans et ses témoi- gnages, ce fonds d’archives offre une précieuse ressource de lecture et de compréhension du Saint- Nazaire d’avant-guerre, de ses édi- fices disparus, puis de sa transfor- mation à la Reconstruction. Mais il nous transmet un héritage bien plus précieux encore : celui du parcours de deux générations de notables nazairiens solidement ancrés dans leur ville. On y découvre notamment la vie sociale de Claude Dommée : membre actif du club d’aviron et d’un club de chasse, organisa- teur de sorties découvertes sur la presqu’île, féru d’archéologie (sa collection a été léguée au musée Dobrée à Nantes)... Ou comment porter un autre regard sur notre ville à travers l’histoire personnelle de l’un de ses acteurs, à tort méconnu.
(1) sgraffite : décoration de façade obtenue par grattage de couches de mortier de couleurs différentes.
Au programme en mars
- Conférence : le vendredi 11 mars à 18h (durée 1h30-2h) à Bain Public, 24 rue des Halles à Saint-Nazaire dans la limite des places disponibles.